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Lord_Klou said:
Nan, nan pas 350 ans : je vais jusqu'à la mort d'Albrecht sous une forme plus ou moins littéraire. Pour le reste je ferais peut-être un résumé.
Rho nan mais c petit joueur ça. :p
 
Episode 10 : La mort du vieux Loup

9 avril de l’an de grâce 1465, au nord de la Commanderie Teutonique de Kexholm

Ingmar von Skane mit pied à terre et fit signe à Conrad de le suivre en haut de l’éminence qui surplombait la vallée. Il tendit le doigt vers l’ouest, désignant la masse grouillante de soldats au loin. La matinée était claire et la vue portait loin : même à plus de six lieues de ce troupeau d’hommes on reconnaissait fort bien les couleurs Suédoises. Le Commandeur des marches du Nord prit la parole :
- Vous voyez, frère Conrad, nos belles années de paix sont derrière nous. Le régent Olaf veut la couronne de Suède. Il cherche à l’obtenir à la faveur d’une victoire. D’après mes éclaireurs cette armée est forte de vingt-deux mille hommes.
Le ton d’Ingmar, généralement enthousiaste, était quelque peu désabusé. Lui aussi semblait avoir pris goût à la longue Pax Teutonicae qui avait maintenu l’équilibre des nations nordiques pendant près de vingt années. Ou peut-être était-ce sa cinquantaine approchante ?
Conrad répondit avec plus d’assurance :
- Nos espions avaient averti le roi. Le Suédois n’a guère pris de précaution pour cacher ses préparatifs. Nous savions bien que la revendication de la couronne de Norvège n’était qu’un leurre : le vrai combat aura lieu ici.
- Ici… et en Lithuanie, reprit Ingmar. Ils espèrent sans doute que pris sur deux fronts nous allons laisser nos alliés Norvégiens et Danois à leur triste sort. C’est bien mal nous connaître, reprit-il et cette fois il souriait.
- Quels sont vos plans, Commandeur ?
- Nous allons les laisser arriver jusqu’à la Commanderie en les ralentissant avec quelques escarmouches, tenir jusqu’à l’hiver, les harceler. Quand ils seront épuisés nous les balaieront : j’ai quinze mille hommes et de quoi tenir pendant trois ans !
- Vraiment ? Il n’est pourtant guère dans votre manière d’être aussi patient. Conrad se permit une bourrade sur l’épaule de son aîné et reprit avec un gros soupir :
- Ah, si Ulrich était là il mènerait la charge sans coup férir… Sa fureur me manque…
Ingmar le regarda avec un rien d’ironie :
- Tiens donc. Vous êtes mal informé, mon frère. Notre mangeur de loups est sorti de sa retraite monastique à l’annonce de cette guerre. Il a revêtu sa cuirasse à quatre-vingt-deux ans bien sonnés ! Il a requis d’Albrecht le droit d’aller mourir au combat et notre roi le lui a accordé !

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14 novembre de l’an de grâce 1465, ruines fumantes du château de Mozyr

Ulrich von Stein regardait brûler et s’effondrer les restes de la forteresse Lithuanienne. Sa silhouette toujours aussi droite et imposante malgré l’âge se découpait sur le brasier. Son lieutenant, François de St-Memmie approcha avec une déférence qui était largement partagée dans l’armée. Ce vieillard indomptable et toujours fort comme un ours remplissait de respect et d’admiration tous ceux qui l’approchaient.
- Les Lithuaniens sont en déroute, Commandeur. Le roi Kazimieras se retire vers sa capitale dans le plus grand désordre. Quels sont vos ordres ?
Ulrich resta immobile à contempler les flammes pendant de longues minutes. Enfin, il se tourna lentement vers François et rugit comme à l’accoutumée :
- Nous finissons de raser ces défenses. Nous nous rassemblons. Nous laissons nos blessés graves sous bonne garde au camp. Dans deux jours nous faisons route pour Vilnius !


1er janvier de l’an de grâce 1466, tente de commandement du roi Albrecht, siège de Kursk

Albrecht déroulait le parchemin qui apportait les nouvelles du front Nord. Rien ne s’était passé comme prévu. Poussé par la fougue de von Marbourg, le Commandeur von Skane était passé du harcèlement à une attaque franche et massive qui avait mis en déroute les Suédois. Il venait dans la foulée de s’emparer de Nylands et assiégeait Finland avec près de dix mille survivants appuyés par environ trois mille soldats Danois. La flotte Danoise avait la suprématie dans la Baltique. Des nouvelles plutôt meilleures que prévues. Comme de son côté les sièges de Kursk et de Belgorod se passaient sans difficultés, Albrecht pensa que cette guerre pourrait bien être fort courte. Il tomba aussitôt à genoux face à l’autel disposé au fond de sa tente et s’abîma en prières pour remercier Dieu de ses grâces.

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14 janvier de l’an de grâce 1467, place royale de Stockholm

Le régent regardait la foule d’un air dédaigneux. Il la toisa superbement, ignorant les cris de haine et les imprécations qui s’élevaient autour de lui. Il monta sans trembler sur l’échafaud où l’attendait le bourreau et se tourna face à la populace qui fit silence tandis que le héraut annonçait la sentence :
« Le régent, dont le nom et les armes seront effacées à jamais de l’héraldique suédoise, a été condamné à mort pour haute trahison. Il a tenté de s’emparer de la couronne royale à la faveur de la guerre dans laquelle il a entraîné notre peuple. Guerre qui se solde par la déroute de nos armées et la perte des provinces de Bergenhus en faveur de la couronne Norvégienne et de Nyland en faveur de l’Ordre Teutonique. Qu’il soit honni à jamais ! »
Sur ces paroles le bourreau tenta d’emmener le condamné vers le billot mais celui se dégagea d’un coup d’épaules, marcha vers son sort avec une grande dignité et avant de poser de lui-même sa tête s’adressa à la foule d’une voix puissante :
« Peuple de couards ! Mon seul crime est d’avoir voulu te rendre la grandeur de nos ancêtres Vikings. Sous peu vous ne serez plus que les serviteurs des moines-soldats. Je mourrai au moins avant d’avoir vu cette infamie ! »
Le bourreau procéda à la décollation sans coup férir. Dans la foule, en tenue anonyme, Alexis von Brouzov étudiait la réaction des Suédois. Les grondements et autres murmures montraient bien que les dernières paroles du régent avaient porté : la méfiance et la rancœur envers l’Ordre enflaient. Il allait être bien difficile de maintenir cette paix. D’autant plus que les Lithuaniens ayant perdu Mozyr auraient également une revanche à prendre.

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19 juin de l’an de grâce 1497, château de Montmorency

Le troubadour acheva sa chanson sous les applaudissements du Duc Jean, de sa noble épouse Isabelle et de la vingtaine de nobles qui partageaient le repas rituel que donnait le seigneur du lieu pour son anniversaire. Il s’inclina avec grâce et se tourna vers l’assistance enchantée de sa prestation :
- Nobles dames et gentils seigneurs que désirez-vous entendre maintenant ?
Différentes propositions partirent dans un joyeux désordre mais la maîtresse de maison les fit taire simplement en faisant délicatement tinter son gobelet en étain ouvragé.
- Pour le plaisir de mon époux sauriez-vous « La mort du vieux Loup » ?
Le Duc se tourna vers sa femme et lui baisa tendrement la main en déclarant avec amour :
- Ma mie ! Vous saurez toujours comment combler mon cœur. De vous je suis toujours aussi raffolé depuis le jour béni de nos noces.
La duchesse Isabelle en rosit de plaisir et sourit largement à son époux aimé. La salle fit silence tandis que les premières notes du luth s’égrainaient doucement. La voix suave du troubadour s’éleva en cadence :

La mort du vieux Loup

Oyez, oyez les hurlements au fond des bois
Qui donc pleurent les loups d’une tremblante voix ?
Pourquoi ces cris, ces longs sanglots, pourquoi ces pleurs ?
Tandis que luit la lune, ô douloureux malheur !

Il est tombé, lui l’invincible et si glorieux.
Il est tombé, pleurez mes yeux, soufflez les feux.
Il est tombé, sonnez les cloches à la volée.
Il est tombé, de cendres nos têtes couvrez !

Cent ans durant il se battit pour le Seigneur,
La noire croix sur l’habit blanc fut son honneur.
Teutonique il devint le jour de ses vingt ans,
Jamais ne recula devant un assaillant.

Au plus fort des mêlées il brandissait sa hache
Et tous ils reculaient, du plus preux au plus lâche.
On l’entendait rugir, on le voyait bondir,
Un malveillant occire et l’ennemi s’enfuir.

Après grande bataille en ses jeunes années,
Se retrouva perdu, isolé et blessé,
En vain il appela, nul de ses compagnons,
Ne l’entendit hurler dans la forêt sans nom.

Un jour noir se perdit dans la forêt obscure,
Et le jour s’éteignit, nulle âme ni créature
Ne vint à son secours et il perdait son sang.
S’effondra sur le sol, affamé et priant.

L’aube sut le trouver, qui grelottait de froid,
Il pria et partit, au plus profond des bois,
Cherchant des traces, un chemin, un repas,
Il marcha tout le jour et la neige tomba.

Au deuxième matin, arrivèrent les loups.
Une meute affamée, une trentaine en tout,
L’entoura, s’approcha, flaira d’un air guerrier,
Fièrement il fit face le brave chevalier.

Les éclairs gris des fauves en tous les sens jaillirent,
Ils cherchaient la gorge, lui dédaignait mourir,
Son rouge sang au leur, sur la neige il mêla,
L’attaquèrent mil fois, mil fois les repoussa.

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Un hurlement plus long et fut stoppé l’assaut,
Le général des loups inclina son museau,
Geste de déférence il donna au vainqueur,
Sa tête à caresser, ce qu’il fit de bon cœur.

Ulrich suivit les loups, qui l’amenèrent en vie,
Au campement de l’Ordre où étaient ses amis.
Dieu avait éprouvé sa force et sa vaillance,
L’avait lié aux loups, pesé dans Sa balance.


Oyez, oyez les hurlements au fond des bois
Qui donc pleurent les loups d’une tremblante voix ?
Pourquoi ces cris, ces longs sanglots, pourquoi ces pleurs ?
Tandis que luit la lune, ô douloureux malheur !


Bien des années plus tard un moine regardait,
Tomber la neige douce et dans le vent priait,
Quand surgit de l’orée du bois du monastère,
A pas lents, un vieux loup, semblant vêtu de fer.

Le moine s’avança, toucha le messager,
Ce dernier s’inclina, se laissa caresser,
Fixa de ses yeux clairs le vieil et noble Ulrich,
Le temps était venu, mourir en Teutonique.

Sur sa vieille carcasse il mit sa vieille armure,
Mais elle brillait encor, car sa foi était pure.
Alla prier le roi de mourir au combat,
Albrecht vit son regard, pleura, lui accorda.

Son Ordre il servit bien, il était toujours fort,
Les païens repoussant, mais l’ombre de la mort
Après un grand combat un jour vint le chercher.
Se retrouva bien seul, et elle de le toucher.

Des ennemis partout, ses amis abattus,
Il donna de la hache, en tua cent et plus,
Mais toujours revenaient les hordes des païens,
Percé de mille coups, il s’effondra enfin.

Le seigneur des maudits voulut prendre sa tête,
Pour effrayer ses hommes, comportement de bête,
Mais Dieu ne permit point que cette offense soit,
Et fit jaillir Ses loups des profondeurs du bois.

Autour du chevalier se postèrent en garde,
Tuèrent quelques païens comme par mégarde,
Ces derniers de terreur déguerpirent des lieux,
Et les loups entonnèrent un dernier chant d’adieux.


Oyez, oyez les hurlements au fond des bois
Qui donc pleurent les loups d’une tremblante voix ?
Pourquoi ces cris, ces longs sanglots, pourquoi ces pleurs ?
Tandis que luit la lune, ô douloureux malheur !
 
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Je suis surpris : je m'attendais à quelques commentaires d'esthètes sur le dernier épisode et ses 20 quatrains d'alexandrins ;)
 
Y a quelques rimes assez pauvres (2 fois le mot bêtes) mais pour le reste, chapeau.

Avec un instrument du moyen-âge et un troubadour, ça le ferait vraiment!!!
 
Ibarrategui said:
Y a quelques rimes assez pauvres (2 fois le mot bêtes) mais pour le reste, chapeau.

Avec un instrument du moyen-âge et un troubadour, ça le ferait vraiment!!!

Merci pour le chapeau ;) .

Pour les rimes j'ai fait ça en deux heures et l'époque ne cherchait guère à tout prix la rime riche mais plutôt l'assonance finale. J'ai plutôt chercher à soigner l'équilibre des hémistiches en 4/4/4 ou le plus souvent en 6/6 pour que ça sonne bien rythmé à l'oreille.

Je voulais faire sortir en beauté un mes personnages principaux :D

PS : "bête" rime avec "tête" dans l'antépénultième strophe
 
Episode 11 : 1467-1480, il ne peut en rester qu’un !

18 avril de l’an de grâce 1467, Conseil de l’Ordre Teutonique en Kurland

L’ensemble des hauts dignitaires et commandeurs de l’Ordre assistaient à ce conseil exceptionnel. Ils se tenaient debout derrière leurs places, attendant le bon vouloir du roi. Le regard d’Albrecht se posa tour à tour sur chacun de ces hommes valeureux. Il y avait là les habituels Conrad von Marbourg, que chacun estimait comme l’héritier présomptif d’Albrecht, Ingmar von Skane, Alexis von Brouzov, François von Saint-Memmie, Anton von Karuva, Otto von Walder, les vieux guerriers et ministres, et la jeune garde des commandeurs : le fougueux Reinhard von Danzig, l’immense Oskar von Tula, le stratège Gondebaud von Bayern, le silencieux Gérard von York et l’ascétique Ivan von Riga. Albrecht parla enfin :
- Mes frères, avant de commencer ce conseil, prions pour l’âme du plus valeureux d’entre nous, la voix d’Albrecht se noua soudain, les larmes gonflèrent ses yeux et il acheva finalement dans un murmure vibrant comme les rugissements du vieux loup :
- Ulrich von Stein… Qu’il soit honoré à jamais dans nos mémoires comme le plus grand héros de notre Ordre… Qu’il reste dans nos cœurs comme le plus fidèle des amis… Qu’il rappelle à nos âmes les vertus d’un pur moine-soldat… Prions !
Le silence vibrait de ferveur. Bien des yeux étaient embués de larmes, chez les anciens qui s’étaient battus à ses côtés pendant toutes ces années comme chez les jeunes qui avaient croisé le légendaire guerrier dans sa dernière campagne, pour lesquels il incarnait l’idéal du chevalier. La prière se prolongea par un Te Deum encore plus vibrant, qui enfla, emplit toute la vaste salle, libérant les gorges nouées, sublimant le chagrin des frères chevaliers dans un exaltant crescendo.
Enfin le silence revint. Albrecht leur fit signe de s’asseoir et reprit la parole :
- Mes frères, la longue paix que nous avions imposée aux régions nordiques a volé en éclats. La Suède et la Lithuanie rêvent de revanche. La Moscovie est chaque jour plus menaçante. S’ils s’allient nous risquons d’être en grave danger. Il va falloir prendre les devants. Notre accord de paix expire dans cinq années. Nous allons consacrer la totalité des capacités de l’Ordre à préparer la plus grande armée que nous ayons jamais vue. A l’expiration du traité cette fois c’est nous qui attaquerons ! Il y a quatre royaumes nordiques : il ne peut en rester qu’un !

Blitzkrieg : 1471-1473 OT/Danemark/Norvège vs Suède/Lithuanie/Poméranie

Rapport du commandeur Gondebaud von Bayern, général du front de Finlande : Sire, notre assaut initial s’est déroulé comme prévu. L’attaque simultanée sur trois provinces a complètement désorganisé la défense suédoise. La province de Finland est tombée sans coup férir. Le commandeur Reinhard von Danzig s’est emparé de Tavastland après avoir balayé la tentative de contre-attaque suédoise. Le commandeur Oskar von Tula est sur le point de s’emparer d'Olonets. Nous établissons des quartiers d’hiver dans les villes conquises afin de reprendre l’offensive dans de bonnes conditions au printemps en Savolaks et Osterbotten.

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Rapport du commandeur Conrad von Marbourg, général du front de Lithuanie : Sire, la résistance initiale des forces ennemies a été détruite par la jonction de mes troupes avec celles du commandeur Gérard von York sur la plaine de Belgorod. La ville n’a guère résisté et mes troupes se regroupent avant de faire route vers le sud. Une armée de cavalerie forte de huit mille hommes a été confiée au commandeur Ivan von Riga pour harceler les troupes ennemies autour de la capitale lithuanienne et empêcher la jonction de leurs forces. Le commandeur Gérard von York a dirigé son armée vers le Sud pour couper tout renfort.

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Rapport du commandeur François von Saint-Memmie, général du front de Norvège : Sire, notre défense devant Oslo a failli. Nos troupes combinées à celles de nos alliés Norvégiens ont été repoussées. Nous nous regroupons actuellement à Bergen mais les pertes ont été épouvantables : il ne nous reste que huit mille soldats, soit la moitié de notre armée. Cependant les troupes suédoises ont levé le siège de la capitale. Dans le même temps la IIe armée Suédoise a pris position au nord et assiège le Jamtland. La situation est critique, nous allons tenter d’éviter toute confrontation directe mais avons besoin de renforts urgents : nos alliés Norvégiens n’ont pas les moyens de lever de nouvelles troupes.

Rapport de l’amiral Otto von Walder : Sire, le blocus de la Baltique est un succès. Notre flotte a été intégrée au dispositif de nos alliés Danois qui contrôlent la totalité des zones maritimes. L’approvisionnement de nos ennemis est totalement coupé. La première armée Danoise a débarqué en Poméranie, vaincu l’armée ennemie et assiège Vorpommern.


23 janvier de l’an de grâce 1473, parvis de la cathédrale de Kurland

La procession des pénitents cheminait lentement entre les clameurs et les huées de la foule contenue par les soldats de l’Ordre. A chaque pas de leurs pieds nus, ensanglantés par la longue marche, les pénitents mettaient genoux à terre et imploraient à voix haute le pardon de Dieu pour leurs fautes. Puis ils se remettaient debout, de plus en plus difficilement, et reprenaient leur long chemin de souffrances. Albrecht avait ordonné qu’il en soit ainsi depuis la première rangée de pavés du long parvis jusqu’à l’autel de la cathédrale. Cette cruauté ne lui était pas coutumière et en avait étonné plus d’un. A tous il avait répondu la même chose : « Vae victis. » Il lui semblait nécessaire de faire un exemple dont la brutalité frapperait les esprits. Et puis, après tout, il leur épargnait la vie. C’était plus qu’ils ne pouvaient espérer après une telle déroute. Il les regardait sans haine, seul et très droit, depuis la dernière marche de l’escalier menant à la cathédrale. Sans haine mais avec suffisamment de hauteur pour ajouter à leur humiliation publique. Voyez ces brillants officiers pétillant d’intelligence, ces fiers chevaliers imbus de leur force, ces ministres arrogants sûrs de leur pouvoir. Dépouillés de leurs beaux habits, de leurs armes, de leurs bijoux. Revêtus de haillons, ensanglantés, sales, épuisés, ils apprenaient l’humilité. La majorité avait le regard éteint et vaincu mais quelques-uns affichaient encore une lueur de défi, une trace de leur ancienne fierté. Albrecht pensa qu’ils ne la conserveraient certainement pas au terme de leur marche, après la messe, lorsqu’ils seraient tonsurés sur les marches au vu de tous avant d’être à jamais enfermés dans différents monastères.

Ainsi il décapitait symboliquement les nations Lithuanienne et Suédoise et il enverrait son message au monde : L’Ordre combattait au nom de Dieu! Et Dieu ne tolérait pas qu’on se dresse contre Lui! Les hommes de troupe et simples chevaliers avaient été relâchés mais tous les officiers et ministres Suédois et Lithuaniens capturés, jusqu’aux rois Karl et Vitautas défilaient piteusement devant lui dans cette procession d’hommes humiliés. Quatre provinces de moins pour eux et de plus pour l’Ordre. Un désir de revanche qui précipiterait inévitablement une nouvelle guerre, selon la volonté d’Albrecht. Dans leurs deux nations le chaos des révoltes s’étendait. La lutte pour le pouvoir ravageait les villes et les campagnes. Elles n’en seraient que plus faciles à vaincre lors de la prochaine guerre. Il ne peut en rester qu’un…

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Prise de Tavastland, Finland et Olonets sur Suède, Belgorod sur Lithuanie.

4 janvier de l’an de grâce 1480, cathédrale d’Oslo

La cathédrale resplendissait de lumière en ce jour du couronnement : les peintures refaites à neuf, tapisseries chatoyantes, ors scintillants, vitraux illuminés par la lumière blanche de cette claire journée d’hiver. Les dignitaires invités n’étaient pas moins resplendissants dans leurs atours chamarrés de velours et de soie, leurs fourrures lustrées, leurs armures de parade éclatantes. Les membres de la noblesse Norvégienne étaient indifféremment mêlés aux représentants de l’Ordre Teutonique en ce jour qui scellait l’union de leurs royaumes. Devant l’autel, couvé du regard par tous, se tenait fièrement Conrad von Marbourg. Il portait la tunique de l’Ordre, croix noire sur fond blanc, mais dans quelques minutes il serait couronné roi et revêtu des armes de Norvège. Albrecht pensa à sa réaction lorsqu’il l’avait mis au courant de sa décision…

C’était dans le bureau particulier d’Albrecht dans le château royal de Kurland. Un feu puissant ronflait dans l’âtre énorme, assez grand pour faire cuire un veau entier. Le roi était assis face au feu, le regard perdu dans le vague, la dépêche venue de Norvège posée sur ses genoux quand Conrad entra. Albrecht lui fit signe de s’asseoir à ses côtés, le dévisagea un moment. Il connaissait bien ce visage, il l’avait connu encore adolescent lorsque le jeune Conrad était entré à sa quinzième année dans le rang des émissaires, déjà quarante ans auparavant. Le visage avait perdu ses rondeurs pour devenir un peu austère au fur et à mesure de l’ascension de Conrad dans l’Ordre : capitaine, commandeur et ministre. Les cheveux blonds avaient foncé en un châtain encore exempt de toute trace de gris, les yeux bleus s’étaient faits moins rieurs mais le regard avait gagné en assurance et en intensité. Il avait fait ses preuves de meneur d’hommes sur le champ de bataille, avait affiné son sens politique sous la férule d’Alexis von Brouzov. Tout le monde le considérait comme son héritier. Il était temps de le mettre à l’épreuve ultime : celle du pouvoir. Il prit la parole :
- Nous venons de recevoir une missive de la cour de Norvège. Notre ami le roi Sygurd IV vient de décéder, Dieu ait pitié de son âme!
- Amen ! répliqua automatiquement Conrad. C’est une terrible nouvelle, Sire : Sygurd était le meilleur des hommes et un allié fidèle. Je le regrette. Mais Dieu ne pourra que bénir une telle âme et l’accueillir en Son Paradis.
- Adressons une prière pour notre frère Sygurd, et réjouissons-nous : Ses souffrances dans cette vallée de larmes sont terminées.
Les deux hommes se recueillirent. Albrecht reprit :
- Les nôtres ne le sont pas, Conrad. Sygurd n’avait pas d’héritier. Le conseil de la noblesse norvégienne veut à tout prix éviter une guerre de succession. Il désire me confier la couronne de Norvège. Je la refuse.
Conrad ne put s’empêcher de manifester sa surprise devant une telle succession de nouvelles : il écarquilla les yeux d’étonnement mais se reprit bien vite. Son roi avait forcément un plan. Albrecht apprécia cette maîtrise.
- Je la refuse car c’est toi qui va la porter. J’ai quatre-vingt-un ans. Il est temps que je me retire de la scène. En même temps que ton couronnement de roi de Norvège j’annoncerai que tu es mon successeur à la tête de la Prusse. Le Conseil de l’Ordre a déjà entériné sa décision de te nommer Grand Maïtre. D’ici deux à trois ans je me retirerai et ce sera à toi de montrer le chemin à nos frères. Je t’en sais digne.
Conrad était tombé à genoux devant Albrecht et inclinait la tête.
- Sire, vous me faites grand honneur. Je vous obéirai. Mais puis-je vous demander pourquoi vous tenez à ce que je sois couronné roi de Norvège ? Si je dois hériter de vous pourquoi ne pas ceindre cette couronne par vous-même ? Vous méritez cet honneur bien plus que moi !
- Je fais cela pour que le peuple de Norvège se sente honoré. Pour qu’il soit fier de rejoindre notre nation lorsque son roi montera sur le trône de Prusse et prendra la tête de l’Ordre Teutonique. Si je ceignais la couronne moi-même cela ressemblerait trop à une annexion.

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Last edited:
Plein de bonnes choses, une prose agréable, mais quand même de nombresues fautes d'orthographe... :)

Kevin

PS: je me suis autorisé à éditer un de tes posts pour transformer un "il allit" en "il alla" :D
 
toujours très bon Lord!
 
Tiens c'est reparti, je lirais ça à tête réposée :)

Eochaid said:
Plein de bonnes choses, une prose agréable, mais quand même de nombreuses fautes d'orthographe... :)

Le comble pour un prof de français :eek: ;)
 
Last edited by a moderator:
sayagh said:
Tiens c'est reparti, je lirais ça à tête réposée :)



Le comble pour un prof de français :eek: ;)

mouais enfin moi j'arrive toujours à remarquer les fautes de autres quand je lis, et rarement les miennes quand j'écris donc je le comprends.
 
Last edited:
Eochaid said:
Plein de bonnes choses, une prose agréable, mais quand même de nombresues fautes d'orthographe... :)

Kevin

PS: je me suis autorisé à éditer un de tes posts pour transformer un "il allit" en "il alla" :D

Mea culpa pour ça : je l'ai fini hier soir assez tard et je l'ai posté aussitôt, j'ai vu quelques fautes au passage mais pas toutes...

Je vais relire ça tranquillou et corriger le reste ;)

"nombresues" ? :rofl:

Edité : j'ai tout relu soigneusement et corrigé les trois fautes que j'ai trouvées. Avec celle que tu m'as corrigée ça fait quatre. Tu trouves vraiment que c'est beaucoup ? :confused:
 
Last edited:
Imrryran said:
Pour un prof de français c'est toujours 4 de trop. :D

Pour une personne normale c'est bon. ;)

Argh vous êtes durs avec moi les gars :(

:rofl:

Cependant je suis content d'être considéré comme une personne normale, enfin :D C'est dur pour nous autres les handicapés de la profession : flics, inspecteurs des impôts, contrôleurs de gestion ( :rofl: ), militaires de carrière, directeur des ressources humaines... et profs! ;) :wacko:
 
Tu galère pour récupérer les poitn de stabilité avec toute ses cultures et toute ses religions? D'ailleurs tu pense rester catho ou passer protestant?

Sinon j'ai une autre question d'ordre générale je me demandais si les villes de moins de 5000 hab en Europe pouvais changer de culture?