La poutre et la paille (1529-41)
Johan III (janvier 1501 - décembre 1534)
[Courtisan sous le règne de Johan III puis de Hugo Ier, Jan de Vries avait écrit à son fils qui logeait maintenant en Allemagne à la cour du prince de Hesse quelques lettres à propos de la situation politique et économique hollandaise jusqu'en 1540.]
Ambroise d'Ambleteuse avait accédé au milieu des années 1520 à la plus haute charge de l'Archiduché de Hollande. Lui, ancien gouverneur colonial espagnol (mais d'origines françaises), avait donc entrepris de retirer l'Archiduché de l'alliance anglo-française afin de mieux se rapprocher des Espagnols et des Autrichiens. Secrètement, un traité d'amitié fut signé entre les trois nations et le Roi du Portugal au tournant de l'année 1529. D'Ambleteuse avait même convaincu Johan III de renoncer aux charges de l'Empire en se retirant totalement de SERG conformément aux dispositions du Traité de Luxembourg signé en 1521 afin d'assurer cette nouvelle amitié. Âgé, Johan III ne s'intéressait plus guère aux affaires d'État, préférant s'occuper de son épouse et du prince Hugo qui n'avait, en janvier 1529 pas tout à fait 7 ans.
Le 18 janvier 1529, la nouvelle configuration diplomatique vola en éclat. La Guerre nordique éclata lorsque la Norvège s'attaqua au Mecklembourg. Rapidement, les pays qui avaient assuré de part et d'autre leurs appuis se rangèrent dans l'un des deux camps. L'Empereur Ladislav, égal à lui-même, préféra déclarer la guerre à un propre Prince de l'Empire [Mecklembourg] et se lier aux forces novégeo-brunswickoises que d'honorer sa fonction. D'Ambleteuse, ayant assuré l'appui hollandais au Mecklembourg quelques jours auparavant, y vit une bonne occasion de renouveler les voeux d'armistices et d'amitié envers l'Autriche. Dans une trahison dont seul Brutus Ier d'Autrriche connait les causes, l'Autriche non contente de trahir son rôle de protectrice de l'Empire, déchira le nouveau traité d'Amitié avec la Hollande et fonça sur Breda. Les armées de Filips Fliesingen (général hollandais), surprises, qui n'avaient pas été préparées à un tel assaut tentèrent vainement de se retirer. Le Roi Felipe du Portugal et la Reine de Castille, surpris de cette volte-face ne purent qu'exprimer à regret leur appui théorique à la Hollande. À cet instant précis, toute la politique diplomatique de d'Ambleteuse venait de s'effondrer comme un château de cartes... et le chancelier pouvait sentir le métal froid et lisse de la hache sur son cou... D'autant plus que la Hongrie avait, elle aussi, déclaré la guerre à la Hollande ultérieurement. De cette dernière, il n'en fut jamais rien puisque cette couronne dut se débattre contre les Turcs à l'est qui, sauvagement, prenaient du terrain.
Contre toute attente, le chancelier reçut tout l'appui de l'Archiduc qui lui renouvela sa confiance très publiquement au parvis du Binenhof en février 1529. Se relevant les manches, d'Ambleteuse dépêcha une ambassade extraordinaire à Paris pour voir si la France n'aurait pas intérêt à renouveler son ancienne Alliance et s'attaquer au perfide et menteur Empereur. La régence française, déjà bien mal en point à cause de l'industrie des sapeurs d'autorité à la cour, ne put s'y résoudre, mais s'employa activement à chercher d'autres appuis en Europe. La Grande-Bretagne, sur son île, préféra d'y voir qu'un conflit continental et retourna à sa splendide isolation. Le Brandebourg demanda rapidement à signer une paix avec La Haye puisqu'elle ne pouvait trouver son compte à participer activement à une guerre qui ne la concernait.
Fliesingen reçut l'ordre de se retirer en Frise après les premières défaites qui avaient sonné le glas des régiments de cavaleries hollandaises. De là, on l'informa que les pourparlers diplomatiques avec l'Autriche étaient en cours et qu'il s'emploierait mieux à combattre les ennemis du Mecklembourg à même l'Empire. L'intervention de la Hollande fut, hélas, trop tardive et la Norvège vassalisa Lübeck tout en lui soutirant plus de 1300 ducats en tributs.
1530
Le traité de Gand entre la Hollande et l'Autriche fut ratifié dès le début de juillet 1529. Le combat n'étant pas terminé, et voulant se venger de ce douloureux affront autrichien, l'armée de Fliesingen livra siège sur la ville de Hanovre (Brunswick) tandis que l'amiral Waalwijck reçut l'ordre de bloquer totalement les activités maritimes des ennemis. Quelques combats furent livrés pendant l'automne et le printemps 1529-30 et si les deux pays belligérants subissaient de graves torts économiques, une victoire définitive sur terre demeurait illusoire. De surcroît, l'amiral Roeland Waalwijck décéda durant la seconde bataille du Kattegat en octobre 1530. Aux traités de Riswijck de décembre et janvier 1530-31, le Brunswick accepta de verser une somme de 100 ducats à la Hollande alors que la Norvège s'en tira à un dédommagement financier de 700 ducats. D'Ambleteuse venait partiellement de sauvegarder son honneur en dirigeant depuis La Haye le théâtre de la guerre à l'avantage des Hollandais. Johan III, dont la santé périclitait, était pris de goutte à la jambe droite et ne put qu'amèrement savourer cette victoire.
C'est sous ces conditions que d'Ambleteuse convainquit l'Archiduc de définir le processus de succession envers son fils s'il venait à mourir. Pour éviter un conseil de régence - et puisque le jeune prince était encore loin de sa majorité - il fut décidé que d'Ambleteuse dirigerait les affaires d'État jusqu'à ce que Hugo (né en 1522) s'y décide à prendre le relais. Aucune opposition ne se fit entendre puisque Filips Fliesingen, général qui avait été perçu comme successeur logique lors de la semi-déchéance du chancelier, avait péri à la toute fin de la guerre lorsqu'un boulet enemi percuta sa jambe ce qui l'envoya virevolter dans les airs. Il eut droit à de pompeuses funérailles lorsque les (nombreux) morceaux parvinrent à La Haye. L'armée de Fliesingen, siégeant à Lübeck fut graduellement ramenée en Hollande par une nouvelle escadre de flutes qui avait été construite à ces fins.
D'autre part, c'est à l'été 1530 qu'un regroupement de marchands sous l'impulsion d'un navigateur, Simon Costers, décidèrent de financer une expédition hollandaise d'exploration vers le Nouveau Monde. Depuis une trentaine d'années déjà, les Castillans, les Portugais et les Anglais avaient mené au large leurs barques vers le large et au-delà... À Amsterdam et Middelburg, de telles initiatives prirent finalement forme. Faisant des escales répétées dans les jeunes colonies de Nouvelle-France et aux Bermudes, Simon Costers réussit à dresser une carte des mers atlantiques comme sa mission le lui demandait. Entretemps, les marchands hollandais et zélandais avaient décidé de joindre leurs efforts et avaient fondé la Compagnie des Indes occidentales. Ils dépensèrent de larges sommes afin de coloniser les territoires entre les colonies françaises du Canada et le Delaware que les États de Hollande leur avaient concédé afin de jouir du commerce des pelleteries qui faisaient la richesse des marchands nantais à Québec depuis cinq ou six années.
1531
En 1531, la belliqueuse Autriche fit la paix avec Venise qui dû reconnaître l'indépendance de Mantoue.
À défaut de pouvoir intervenir, les autorités hollandaises se résignèrent à accepter les réfugiés de Gueldre qui fuyaient la persécution et l'assassinat religieux légalisé par l'Église papiste de l'Empereur. Ce ne fut pourtant pas tous les ressortissants qui furent les bienvenus et certains nationalistes de Gueldre tenaient autant de rancoeur contre les Hollandais que contre l'Empereur. Afin de mieux répondre à la menace Papiste qui pesait sur les forces chrétiennes protestantes et calvinistes, une alliance fut ratifiée la même année avec l'Oldenbourg et la France. Pendant ce temps, le Danemark devait essuyer une nouvelle guerre avec la Suède. Cette guerre se termina par un statut quo.
Les Hollandais avaient profité de la Guerre nordique précédente pour investir le commerce balte et avaient connu des succès d'estime à Novgorod dès la fin de 1529. Les marchands hollandais en cette ville devinrent rapidement, sous l'impulsion du conseiller royal Daniël Utrecht, durant la décennie 1530, ceux qui contrôlaient la majeure partie du commerce russe malgré la vive compétition portugaise. Une guerre commerciale eut d'ailleurs lieu à cet effet lorsque les Hollandais profitèrent de leur supériorité sur le marché russe pour expulser les Portugais. Les marchands lusophone rappliquèrent et le conflit ne fit pas de vainqueur.
Avec les coffres biens remplis des versements successifs brunswickois et norvégiens, d'Ambleteuse décida de subventionner la construction navale en Zélande (Vlissingen, Zierikzee, Tholen) afin que les marines marchandes hollandaises et zélandaises profitent le plus de cette denrée qu'est le commerce d'outre-mer. Des manufactures virent ainsi le jour dans les villes susmentionnées et cinq ans plus tard, les premières innovations purement néerlandaises firent leur apparition.
1532-37
Hugo Ier (décembre 1534 - ...)
Entre 1532 et 1534, quelques tentatives de colonisation eurent lieu aux abords du fleuve du Nord (Noord rivier) ce qui déboucha à la première colonie hollandaise à la pointe sud de l'île de Manhattan. Nommée Nouvelle-Amsterdam, le petit fortin servit durant les années 1530-40 davantage à la traite de fourrure puis à fournir des matières premières aux vaisseaux qui venaient de la patrie que de centre de conversion des wilden (sauvages). La Compagnie des Indes occidentales (WIC), satisfaite des exploits de Costers, lui indiqua de poursuivre ses explorations, mais cette fois-ci plus au sud, le long de la côte américaine, dans le golfe du Mexique ainsi que dans les mers bordant les Îles-Sous-le-Vent. À la fin de la décennie, Costers aura ainsi cartographié pour le compte de la WIC toutes les côtes occidentales de l'Amérique. Costers tenta d'ailleurs de fonder une colonie à la bouche de l'Amazone afin de profiter du doux climat pestilentiel des côtes sauvages pour faire pousser des denrés qui ne pouvaient être produites aux lattitudes nordiques. Si cette entreprise échoua étant donné que les vaisseaux transportant les quelques 30 familles s'échoua sur les récifs des Îles, d'Ambleteuse entreprit de connaître la position du Portugal quand à l'idée que la WIC fonde une colonie plus à l'est, à la frontière de celles brésiliennes. La réponse fut prompte et sans équivoque : il n'en était pas question. Des cortèges de Français avaient commencé à immigrer vers la Guadeloupe et Antigua qui promettaient de nouvelles perspectives économiques pour une France qui ne brillait, jusqu'à ce moment, pas de ses efforts coloniaux.
La régence française prit fin et Louis XII succéda à son père. Rapidement, les Hollandais reçurent la confirmation que la France louisdouzienne respecterait les traités et ententes de l'administration précédente. Vieilli lui aussi, Johan III poussa son dernier soupir le 4 décembre 1534 et alla rejoindre Charles IX de France non sans avoir maudit Ladislav une dernière fois. L'Archiduc avait ainsi dirigé officiellement la Hollande durant sa phase d'expansion la plus critique de sa jeune existence. Fut organisé pour lui, les plus honéreuses et grandioses funérailles jamais tenues en Hollande - et il fut enterré en la Cathédrale de Delft ou reposait ses prédecesseurs.
En 1534, à douze ans, le jeune Hugo reçut ainsi le sacre des mains de l'Église réformée hollandaise. Ambroise d'Ambleteuse, aux premiers rangs, souriait, il calculait ainsi détenir pendant au moins une décennie le pouvoir exécutif hollandais. Ses politiques déjà en place, il était davantage question de stabilité que de réforme. Les nobles furent graduellement ainsi écarté de plus en plus du pouvoir qui revenait ainsi à un homme dont l'extraction n'avait rien de hautain. (les politiques se dirigent vers une ploutocratie au désavantage de l'aristocratie).L'année suivante, au mois d'août, ce fut au tour d'Octavius Ier de Grande-Bretagne d'accéder au trône. Ce Roi ne brille certainement pas par ses qualités intellectuelles, mais il tient de bons discours et connait les tactiques militaires.
Durant ces quelques années, les activités de la WIC en Amérique du Nord connurent une expansion fulgurante contre les vives protestations de la Couronne anglaise qui avait, en déposant talon sur quelques rochers des Terres-Neuves, déclaré posséder l'ensemble du continent. Ces protestations furent reçues et l'on tenta de les apaiser à La Haye sans grand succès. Des premiers cortèges de colons avaient été fonder Nieuw Dordrecht (Hollandia), Willemstadt (Connecticut) et les premières exploitation de la colonie de Vlissingen (nommée en l'honneur de la ville zélandaise). La Compagnie avait, entre temps, décidé d'embaucher un explorateur afin de mener des expéditions vers le pays des Hurons et des Iroquois. Un truchement fut employé à cette fin et une fois les premiers contacts entrepris, on lui manda de défaire les Sauvages guerriers sur la côte de Connecticut jusqu'à Hollandia [Massachusetts] qui empêchaient les colons néerlandais de s'y établir définitivement. Pendant ce temps, les Anglais tentèrent de s'y établir afin d'encercler et d'usurper les possessions de la Compagnie mais en vain, les Néerlandais occupèrent un territoire de plus en plus convaincant entre la Virginie et la Nova Scotia anglaises.
Le Brandebourg doublé du traître Empereur autrichien (qui avait manifesté des pointes de schizophrénie et de remords en plusieurs occasions depuis le Traité de Gand) déclara la guerre à la Pologne. Guerre qui profita surtout au Brandebourg à en croire la paix qui suivit. L'Empereur, après avoir été assuré qu'elle demeurerait sous sa domination, libéra la Gueldre de l'administration viennoise [Gueldre redevient un duché libre mais vassal et allié de l'Autriche]. Les Hollandais n'y virent qu'un laquet Habsbourg de plus, et avec raison. Jamais n'a-t-on vu un tel pantin !
1537-39
Déléguant les affaires navales au vieux Cavendish, d'Ambleteuse préparait ce qui devait être la consécration de son jeune maître pour l'anniversaire de ses dix-huit ans. Unifiée, la Hollande manquait toujours [momentanément?] la Gueldre, mais, qu'à cela ne tienne, il fallait passer au statut de royaume pour la gloire de Hugo Ier (et celle du chancelier).
Pour d'Ambleteuse, véritable architecte de cette révolution politique, le résultat ne fut jamais plus qu'à porté de main puisqu'il mourut en 1537 d'une chute de cheval alors qu'il inspectait les travaux de construction d'un vaisseau-de-ligne sur les quais d'Amsterdam. Sous les conseils de sa mère, à 16 ans, Hugo Ier se décida à régner sur le pays malgré les réticences publiques de la cour. Le jeune homme se complaisant dans son éducation avant tout militaire et avait retenu le vieux Cavendish et Daniël Utrecht afin de gérer l'État. Miguel de Nebrija, avocat de la WIC fut appointé comme conseillers pour en faire un triumvirat... loyal et sans colonne vertébrale. En septembre 1538, contre toutes attentes, Hugo Ier se fit reconnaître comme roi de Néerlande et de Gueldre, provoquant ainsi un tollé de protestations de la part de Vienne qui tenait à défendre son autorité dans l'Empire. Cet instant de haute voltige diplomatique ne fut pas suivi d'une guerre puisque les dirigeants néerlandais n'étant pas prêt à suivre un si jeune Roi sur les champs de bataille forcèrent le jeune roi à modérer ses ardeurs malgré les empathies françaises à cet égard.
1540-41
En 1539, fut célébré le mariage de Hugo Ier avec la soeur de Louis XII en la cathédrale de Leyde. Les deux royaumes scéllaient ainsi leur destiné. Plus intéressé à s'ateller à la tâche des ballets, de la chasse et des jolies minois de la cours, Hugo laissa ses affaires entre les mains de conseillers qui lui était totalement dévoué. Ceux-ci ne brillaient pas particulièrement par leur intelligence administration de la WIC se plaignit ouvertement de ne pas pouvoir compter sur un support étatique aussi dynamique chez Nebrija que ce fut le cas sous d'Ambleteuse (et malgré les antécédents de Nebrija à la tête de la Compagnie).
L'année 1640 passa sous le signe de la stabilité outre le fait que Louis XII devint subitement malade, atteint de spasmes très douloureux qui lui donnait des langueurs insupportables. La WIC envoya Costers explorer le sud de l'Atlantique pour voir s'il n'y aurait pas moyen d'importer des esclaves pour la colonie de Fort Nassau qui avait entamé la culture du tabac...
En 1540, Hugo Ier, sous les recommendations de Cavendish, nomma un premier général à la tête de l'armée néerlandaise qui n'avait plus de tête dirigeante depuis la mort de Fliesingen. Floris de Winter fut ainsi nommé à ce prestigieux poste pour ses relations avec le Roi - et non pour ses capacités. Cependant, Hugo Ier pouvait compter sur la loyauté infaiilible de ce nouveau-noble.
[Là se terminent la dernière lettre déchiffrable de Jan de Vries à son fils datée de l'an de grâce 1541]
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