J'ai tous les épisodes chez moi, à côté de mes cassettes des "Rois Maudits", et je peux donner mes royaux commentaires là-dessus.
D'abord, tout dépend déjà beaucoup de l'idéologie de l'auditeur. Si l'auditeur est quelqu'un de gauche, plutôt libéral, alors il sera sympathique aux propos et à l'argumentation de Guillemin. Si celui-ci est de droite, plutôt conservateur, alors Guillemin passera pour un cracheur de libelles. Déjà à son époque, Guillemin avait une "mauvaise" réputation de "dynamiteur de statues."
Pour être franc, j'aurais vraiment adoré avoir H.G comme professeur d'histoire, voire débattre avec lui. Sa pédagogie à l'écran est excellente même pour aujourd'hui, et on boit littéralement chacun de ses mots. Je me rappelle de tout ce qu'il a dit, pour un enseignant c'est très fort!
Même si je suis plutôt conservateur et élitiste, je ne peux m'empêcher d'adorer comment Guillemin se délecte à "corriger" la perception collective de Napoléon en soulignant et ce, par des sources historiques contemporaine indubitables (Mémoires de Bertrand et de Mollien, bulletins de la Grande Armée, éditions du Moniteur), que Napoléon n'est pas le dieu de la République Française qu'on se dépeint de lui, mais bien ce qu'il a été : Un général abusif au pouvoir pour le service des notables. Cependant, il n'y a pas de mal à être ainsi. Chaque politique au pouvoir à ses propres soutiens...
J'ai deux critiques principales envers l'approche de Guillemin. La première est que Guillemin se permet trop de normatif dans son argumentation, jugeant les actes de Bonaparte selon des critères moraux modernes. S'il s'était mis plus dans le contexte de l'époque, avec des politiques comme Talleyrand, Danton, Barras, Constant, Mirabeau et etc, il serait sorti que Bonaparte n'était ni pire ni meilleur que les politiques de l'époque, époque qui admettait encore la concussion et le paiement pour services rendus. Deuxième, Guillemin se centre beaucoup trop sur Bonaparte comme étant le centre politique de l'Empire, comme si Napoléon était effectivement omnipotent et omniscient. Il s'attarde très peu, sauf envers Talleyrand, Mollien et Fouché, aux Maréchaux et Ministres qui l'entourent, administrent et commandent les outils de son Empire : Bernadotte, Davout, Cambacérès, etc. Guillemin critique plus Napoléon que l'empire qu'il a établi.
Cependant, malgré mes critiques constructives, j'adore beaucoup l'approche de correction que Guillemin applique envers Bonaparte. Le seul véritable problème que j'ai avec Guillemin, c'est la normativité évidente de ses arguments. Dans le fond, tout se rapporterait à ceci pour simplifier : Napoléon est un mauvais personnage à l'époque parce que ses actes seraient moralement mauvais aujourd'hui.
Malgré ce reproche, j'adore la série et sa pédagogie parfaite à l'écran, et j'espère pouvoir lire son livre de 1969 "Napoléon tel quel" très bientôt.
Drakken