Don Jouky était vautré dans un tas de coussins, son état allait de la gueule de bois carabiné au retour sur terre difficile après l’extase, selon la substance que son cerveau exigeait. Il avait peut-être un peu trop abusé des bonnes choses cette fois là. Mais le nouveau cru de sa plantation avait l’air si bon, sans compter ces nouvelles feuilles venues de Perse, comment résister ?
Et pis de toutes façons qu’est-ce ça peut foutre ? J’suis immortel bordel !
Immortel… ça avait fait drôle à Don Jouky quand Dieu lui avait dit ça, déjà qu’il s’était retrouvé sur le cul quand Dieu était apparut devant lui. Bon d’accord c’est vrai il avait été Pape, mais bon, c’est pas parce qu’on est patron d’une boîte qu’on va commencer à croire les conneries du service marketing ! Passé la première surprise, Don Jouky se rendit compte que Dieu correspondait bien à l’idée qu’il s’en faisait, massif, cheveu argenté, cigare au coin de la bouche, une bague en or à chaque doigt et une grosse amulette en or avec marqué dessus « Dieu le père ».
Dieu lui avait alors expliqué que comme il avait permis au catholicisme de retourner à sa source il allait lui donner, à lui ainsi qu’à sa femme, l’immortalité, immortalité dont ils pourront jouir sur une petite île paradisiaque.
Depuis ce temps là Don Jouky profite de la vie, buvant, fumant, forniquant tout ce qui passait à sa portée, sauf les femmes, il devait se contenter de la sienne. C’est pas qu’il n’y en avait pas d’autres mais sa compagne était pas très partageuse, il avait bien essayé de lui inculquer cette valeur importante du catholicisme mais il avait vite abandonné cette idée. Faut dire que la voir avec ce sourire en coin, le couteau à la main, et regardant une partie primordiale de son anatomie avait quelque chose d’inquiétant.
Donc Don Jouky cuvait, soudain, Dieu apparut devant lui.
DJ : Tiens, salut boss ! Je te paie un coup ?
D : J’suis pas là pour ça, faut que je te causes boulot.
DJ : Houlà, j’suis pas en état boss.
Dieu leva alors ses mains et le mal de tête de Don Jouky disparut.
DJ : Ouah !! Sensas boss !
D : Eh oh, j’suis Dieu quand même, je peux foutre enceinte une gonzesse sans la dépuceler, tu crois quand même pas que c’est ta gueule de bois qui va me causer du souci.
DJ : Ouais c’est vrai, d’ailleurs faudrait que vous m’expliquiez ça un jour parce que…
D : On verra, mais j’suis pas là pour ça. Don Jouky, j’ai une mission à te confier. L’Espagne est menacée…
DJ : Tu m’étonnes, c’est que le Klou c’est pas un tendre hein, rien que quand…
D : Bordel tu me laisses finir !
DJ : Hum, oui, désolé.
D : Donc l’Espagne est en péril, pas celle que tu connais, dans une autre dimension.
Don Jouky allait dire quelque chose, mais quand il vit l’expression du regard de Dieu il se dit que ce n’était pas une si bonne idée.
D : Des vautours tournent autour d’elle, arrachant ses provinces, volant ses monopoles, et la rabaissant au rang de puissance mineur. Cela doit cesser.
DJ : Ah oui mais non là, j’ai déjà donner dans les coins pourris moi. Faut pas abuser, z’avez personne d’autre ?
D : Ben en fait non, Gaby et ses potes sont en congés, les anges tentent de tenir la boutique en leurs absences, y aurait bien mon fils mais… bon tu vois quoi ?
Don Jouky acquiesça, c’est pas que Jésus était méchant hein. Non il est très gentil, mais il faut pas lui demander plus quoi.
DJ : Bon d’accord j’y vais.
D : Parfait, je vais te filer quelques pouvoirs, histoire que tu puisses impressionner le prolo et prendre le pouvoir. Hop ! Allez ! Direction Madrid !
Don Jouky se retrouva d’un coup dans une salle du trône, celle d’Espagne vu les bannières, au milieu des courtisans, ministres et conseillers. Tout le monde le regardait.
DJ : Hum… bon soyons concis ! Dieu m’envois, je vais remettre votre pays sur le droit chemin !
Visiblement, cela n’eu pas beaucoup d’effet sur les gens autour de lui. Soudain un ministre appela la garde, et quelques soldats apparurent.
DJ : Hum… ok… bon Dieu m’a filé des pouvoirs… comment ça marche…
DJ, regardant le premier soldat : Brûle ?
D’un coup le soldat s’alluma comme une torche et s’écroula par terre, mort. Don Jouky prit alors une posture plus imposante.
DJ : Ah ah ! On fait moins les fiers. Y en a d’autres qui doutent que c’est Dieu qui m’envois ?
Devant le silence général Don Jouky conclut que non.
DJ : Bien, que tous les ministres me suivent, j’ai besoin d’un point de la situation.
Don Jouky était seul dans la salle du conseil, un peu démoralisé. La situation était loin d’être brillante, l’Espagne s’était éparpillée un peu partout, les colonies manquaient d’infrastructures et beaucoup n’avaient même pas de muraille pour les protéger ! Sans compter un tas de minorités religieuses remuantes, des vassaux éparpillés un peu partout, vassaux qui en plus détestaient l’Espagne et souvent d’une religion différente, bref, c’était pas la joie. Heureusement l’Espagne n’était pas la plus pauvre des grandes puissances. On pourrait donc trouver les fonds nécessaires pour changer la situation.
20 ans plus tard.
Don Jouky s’estimait satisfait, augmentation des revenus de 10%, baisse de l’inflation de 5%, mise à niveau de la plupart des colonies, la colonisation, arrêté pour permettre la mise à jour des anciennes colonies, a reprit, le commerce est florissant, l’armée a repris du poil de la bête. C’était pas encore l’extase, mais ça allait mieux.
Et pis Don Jouky était content, il n’avait pas oublié comment gouverner, bon c’était pas vraiment difficile hein, suffisait de crier sur les gens, de leur dire quoi faire, leur donner un peu de sous puis ils se démerdaient. Mais ça fait toujours plaisir de voire qu’on a pas perdu la main.