En 1918 l'Allemagne est condamnée.
D'une part ses troupes ont été laminées par leurs offensives de mars puis par les contre-attaques de l'Entente. De plus il faut bien être conscient qu'il y a deux armées allemandes en quelques sortes. D'une part les divisions de Sturmtruppen, des hommes spécialements entraînés à la guerre de tranchées avec des tactiques d'assaut en petit groupes fortement armées pour amolir l'ennemi. D'autre part le reste de l'armée, des troupes pas mauvaises en soi mais loin du niveau des Sturmtruppens. Et en 1918 les Sturmtruppens ont été saignés à blanc par les offensives de mars, et l'Allemagne n'a ni le temps ni les moyens d'en reformer, quant au reste de son armée elle n'en peut plus après 4 années de guerre contre quasiment le monde entier, le fantassin allemand estime qu'il a fait son devoir. D'ailleurs la combattivité allemande est réduite à peu de chose, et c'est uniquement quand elle reçoit un peu de ravitaillement qu'elle arrive à se battre, pendant une réunion entre l'état-major allemand et le gouvernement Luddendorf parlera d'un régiment (division? ) qui a fuis pendant des jours entiers avant de recevoir des navets puis d'avoir réussis à bloquer une attaque britannique, il demande alors plus de ravitaillement au gouvernement, l'un des membres du gouvernement lui rétorque alors que cela fait bien longtemps que les civils allemands n'ont plus vus de navet.
On touche là le deuxième point de la faiblesse allemande, si son armée est laminée l'Allemagne en elle-même est exténuée. Le blocus fait désormais pesé un poids intolérable sur l'Allemagne (il est d'ailleurs fascinant de voir que ce blocus a été tenus par une dizaine de navire tout pourris) et elle manque de tout, les pommes de terre relèvent de la science fiction, les navets du rêve quasiment inaccessible. Cette situation économique catastrophique se double d'une situation politique explosive, la Marine, autrefois constituée des plus monarchistes et pangermanistes allemands est désormais minée par la dissidence communiste, résultat de 4 ans de quasi inactivité totale (l'inactivité est le pire ennemi d'une armée, la France en fera l'amère expérience en 1940...) et d'une tyrannie des plus injustes exercées par les officiers. Un peu partout les communistes commencent à s'agiter et le climat politique est électrique.
De l'autre côté l'Entente a commencé un assaut général, l'Allemagne est contrainte de reculer partout, en Italie l'Entente reprend le terrain perdu depuis Caporetto et l'Autriche est incapable d'y faire face. Mais surtout, surtout, l'Armée d'Orient a écrasé la Bulgarie et balayé les forces autrichiennes dans les Balkans, elle a désormais un boulevard libre de tout ennemi pour aller jusqu'à Vienne, et de là frapper l'Allemagne par le sud. Or l'Allemagne, de l'aveu de Luddendorf lui-même, n'a RIEN pour établir une défense dans le sud de l'Allemagne. Pour lui la victoire de l'Armée d'Orient est le signal de la défaite de l'Allemagne, il faut donc à tout prix se dépêcher pour signer un armistice et sauver ce qui peut encore l'être.
Quant à la différence des armées allemandes et françaises, il faut tenir compte d'une chose importante. L'armée allemande en 1918 perd TOUT, elle n'a plus de chars, plus d'avions, et son armée est réduite à pas grand chose. Si c'est humiliant ça permet néanmoins une chose, le faible nombre de soldats permets de les entraîner à un niveau très élevé et donc d'en faire un noyau capable d'entrainer une future armée. De plus cela permet, ou plutot oblige, d'acquérir du matériel neuf. La France elle devra se trainer ses vieux stocks de 14-18.
Et puis la Blitzkrieg... ça reste un grand mot avec pas grand chose derrière en 1940. Durant la campagne de France c'est l'improvisation qui prime dans l'armée allemande, et cette dernière doit sa victoire essentiellement à un manque de réactivité de l'état-major français (autre conséquence de 14-18, là où l'Allemagne a beaucoup plus pris de "jeunes" la France a gardé ses vieilles "gloires"), de plus les défauts de la logistique allemande montrent déjà le bout de leur nez.
Ah oui dernière chose, AUCUN pays européen n'a daigné montrer un quelconque intérêt pour le déroulement et les stratégies de la guerre de sécession. Pour l'Europe la guerre de sécession c'est deux bandes de paysans armées qui se livrent à une espèce de course poursuite dans la campagne. Pour l'Europe il n'y a rien à tirer de ça. Von Moltke lui-même aurait dit que la guerre de sécession ne lui importait guère. D'ailleurs l'Europe n'avait même pas besoin d'aller en Amérique, avec la guerre de Crimée elle avait tous les éléments pour voir ce que les conflits risquaient de devenir, mais elle n'en a pas tenu compte non plus.