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Lord_Klou

Un bourre tous, tous bourrins
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Dec 26, 2003
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Bonjour à tous les habitués de ce forum,

ceci est mon premier AAR, je le fais donc avec beaucoup de modestie et sans garantir d'aller jusqu'au bout. Je demande d'avance pardon aux amis historiens pour les approximations, erreurs et autres âneries historiques :wacko: : je ne suis qu'un modeste littéraire qui a juste envie de raconter une histoire, très librement inspirée d'une partie en cours EU2. Je suis cependant ouvert à toutes les corrections et précisions utiles.

Menu :

Prologue : Casus belli

Episode 1 : Le danger Slave

Episode 2 : Pour la plus grande gloire du Christ

Episode 3 : Albrechto furioso

Episode 4 : Die Walkürenritt

Episode 5 : Ravages

Episode 6 : Le royaume de Dieu

Episode 7, première partie : Le temps des moissons

Episode 7, deuxième partie : Le temps des moissons

Episode 8 : Action not words!

Episode 9 : Pax Teutonicae

Episode 10 : La mort du vieux loup

Episode 11 : 1467-1480, il ne peut en rester qu'un!

Episode 12 : Les maïtres du Nord

Episode 13 : 1483-1507, il n'en reste qu'un

Episode 14 : L'aventure coloniale, 1511-1523

Episode 15 : Flashback, nuit du 21 juin 1484, Albrecht

Episode 16 : Une foi renouvelée

Episode 17 : Mon frère, mon ennemi

Episode 18 : Action de grâce

Episode 19 : Tuez-les tous !
 
Last edited:
C'est bien parti!
Je sens que tu vas nous faire un roman comme je suis en train de le faire...
 
C'est pas mal du tout.
Bon courage et fais honneur au SGB. :D
 
Prologue : casus belli

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Juché sur son destrier blanc écumant, sur une petite éminence qui surplombait le village en flammes, Albrecht regardait ses chevaliers rassembler les survivants et leurs bêtes pour les amener à la commanderie. « Cette fois-ci ils ne pourront plus l’ignorer, se dit-il douloureusement. C’est la guerre.» Son regard erra longuement sur les pauvres êtres dépenaillés, serrant leurs maigres biens. L’horreur et la stupéfaction avaient laissé place à une résignation terrible dans leurs yeux. Seuls quelques enfants criaient encore, de plus en plus faiblement, et les femmes ne se donnaient même plus la peine de leur parler, se contentant de les bercer doucement. Le raid avait été si soudain, si inattendu. Bientôt un morne silence étendit son emprise sur le sombre tableau, entrecoupé çà et là du grincement des essieux grossier des charrettes, des cris du bétail et de quelques pleurs. Il était temps de se mettre en route. Il fallait arriver avant la nuit, loger et nourrir ces pauvres gens avant de les répartir sur les terres de l’Ordre. Demain il faudrait envoyer un coursier au Conseil, se préparer à la guerre désormais inévitable. Mais les Chevaliers Teutoniques seraient-ils prêts à combattre ? Un doute terrible s’empara d’Albrecht, presque un sentiment de déréliction. Sa responsabilité était effrayante. « Puisse Dieu me pardonner et me conserver en sa Sainte Garde, murmura-t-il, esquissant un signe de croix fébrile et honteux en prenant la tête du triste cortège. »

Il se souvint de son entrevue au Vatican, trois ans plus tôt, le 10 mai 1417. L’entrevue qui allait profondément bouleverser sa vie. Il attendait depuis bientôt deux heures, debout dans une antichambre anonyme. Sa fierté naïve d’avoir été convoqué avait peu à peu fait place à une nervosité croissante. En fait il ne savait pas vraiment pourquoi on voulait lui parler. Il avait déjà fait aux supérieurs de son Ordre son rapport sur la situation à l’est, après une année de pérégrination clandestine passée à étudier les forces de la Moscovie, de Novgorod, de Suzdal, de la Suède et de la puissante Lituanie. Personne n’avait semblé partager son inquiétude sur la pérennité de l’Ordre, encerclé par de si ambitieux voisins. Sa vie avait repris normalement, sans même une élévation en grade, ce qui l’avait considérablement frustré malgré sa lutte quotidienne contre le péché d’orgueil. Et puis voilà qu’il se retrouve dans l’escorte du Commandeur Michael Küchmeister von Sternberg à Rome, et qu’un individu masqué mais à l’allure officielle vient le chercher secrètement pour l’emmener dans un obscur recoin du palais des Papes.

Il n’eut pas l’occasion de s’interroger davantage : la porte s’ouvrit sans un bruit et un garde suisse le fit entrer sans l’annoncer dans une petite pièce obscure, éclairée par un simple soupirail et dans laquelle se tenait de dos un homme vêtu de la pourpre cardinalice. Albrecht se mit aussitôt à genoux. Le cardinal se tourna vers lui au bout d’un moment et tendit son anneau à baiser. « Chevalier Albrecht von Kluppenburg, nous avons prêté une grande attention à votre rapport. Dit-il d’une voix étudiée et raffinée. Il semble que vos … supérieurs n’aient pas fait grand cas de vos conclusions. Relevez-vous mon fils. » Albrecht était transporté de surprise et de joie. Quelqu’un avait compris ses inquiétudes, ici, au siège de la Chrétienté, enfin. Le cardinal, après avoir étudié un instant le visage du jeune homme et visiblement satisfait de ce qu’il y avait lu reprit : « Votre Commandeur sort de son entrevue avec le Très Saint Père. Il a soigneusement minimisé les dangers qui vous menacent. Or nos propres sources confirment vos dires. Que faut-il en conclure chevalier ? » Albrecht se sentit terriblement gêné, comment pourrait-il critiquer les décisions du Commandeur ? C’était presque un péché, en tout cas une faute. Un cas de conscience que sa frustration des derniers mois résolut à sa place et c’est presque malgré lui qu’il s’entendit répondre : « Le Commandeur se trompe, malgré tout le respect que je lui dois. Nous sommes en danger et avec nous c’est la Chrétienté qui est menacée à l’est. Il faut nous renforcer et nous protéger. » Le jeune homme réalisa avec effroi ce qu’il venait de dire et rougit de confusion. Le cardinal souriait doucement, l’air approbateur. « Un caractère entier à ce que je vois. Pas d’hypocrisie et une allégeance à sa Sainteté et à l’idéal chrétien qui dépasse votre devoir d’obéissance au supérieur de votre Ordre. Bien, bien. Nous allons pouvoir faire quelque chose de vous. Voyez-vous, jeune homme, nous avons un plan. Et vous en faites partie… »

Le plan. Il se souvient de sa fierté lorsque le cardinal l’avait entraîné dans la bibliothèque bien éclairée qui jouxtait la petite pièce. Et de son effroi quand l’ampleur du plan lui avait été présentée, tant de choses dépendaient de lui dorénavant. « Quelle est la meilleure manière de vous préserver à votre avis chevalier ? reprit le cardinal, une carte de l’Europe étalée devant lui sur une petite table. Parlez sans crainte, redites-moi en quelques mots ce vous aviez écrit.»
- Nous sommes dans une sorte de status quo : nous ne cherchons plus à nous étendre et les slaves nous laissent tranquilles dit fébrilement Albrecht. Mais leur population croît sans cesse, leurs armées aussi et inévitablement les ambitions vont leur venir. Nous devrions prendre sous notre coupe Pskov et Tver, renforcer nos liens avec la Prusse, chercher de nouveaux alliés, peut-être dans les royaumes chrétiens scandinaves. De plus il faut changer notre politique de recrutement : réserver les places dans nos rangs aux seuls germains limite considérablement nos capacités à lever des troupes. Il faut ouvrir nos rangs aux slaves et aux scandinaves dans un premier temps et à l’ensemble des chevaliers chrétiens par la suite, comme le faisaient les Templiers, comme le font les Maltais. Ce sont les deux clés de notre survie.
- Vous voyez loin jeune homme, répliqua le cardinal. Mais pas encore assez loin. Il y a une troisième tâche qui vous attend : il faut rendre à l’ordre sa pureté. Trop nombreux sont vos frères qui oublient qu’ils sont des moines tout autant que des soldats. Trop nombreux, y compris au sommet de votre hiérarchie ceux qui se vautrent dans le vin et la luxure.
- Mais comment pourrais-je y faire quoi que ce soit ? Je ne suis qu’un chevalier sans commandement !
- Nous allons favoriser votre ascension. Nombreux sont nos agents parmi vous. A vous ensuite d’entraîner votre Ordre sur les voies que vous nous avez indiquée et celle que nous désirons. Par tous les moyens. Vous en sentez-vous capable ?
- Je le ferai, si Dieu me prête vie et force, dit fougueusement le jeune homme.

« Par tous les moyens. » Et c’est ce qu’il avait fait pensa-t-il amèrement. Oh oui il était monté en grade, à une vitesse surprenante. Jusqu’à obtenir le commandement de cette forteresse non loin de Reval, à la frontière de la principauté de Pskov. Il avait menti, trahi, comploté, falsifié ses rapports à ses supérieurs, prétendant subir toute une série d’attaques. La pression montait des deux côtés, chacun accusant furieusement l'autre de mensonge. Il ne manquait plus qu'une petite provocation de plus pour déclencher l'irréparable. Et puis, finalement, une fois assuré du soutien inconditionnel de ses hommes, il avait lancé une série de raids frontaliers sur Pskov, dont le dernier s’achevait avec la destruction de ce village anonyme et la rafle de toute sa population.
 
Last edited:
1er épisode : le danger slave

1er Episode : le danger slave

« Chevalier von Klagenfurt, vous allez porter cette lettre de demande de renforts immédiatement au siège de l’Ordre à Kurland. Crevez tous les chevaux qu’il faut pour cela mais la rapidité est essentielle. » Albrecht regarda s’éloigner son courrier au galop. Essentiel surtout que ce soit ma version des faits qui informe le Conseil, pensa-t-il.

Il se tourna vers ses capitaines rassemblés autour d’une carte sommaire de la région, fixée à la table de bois brut par des poignards.
« La réaction de Pskov ne s’est pas faite attendre comme je l’espérais : mes espions m’ont informé que leur prince rassemblait son armée moins d’une semaine après mon raid. Il faut se résoudre à prévenir ce danger imminent. Enfin, danger… Je connais bien le prince Nikolaï : une tête brûlée, une brute sans cervelle. Il va rassembler toutes ses forces et tenter de prendre Reval ou Dorpat avant qu’on ne réagisse. Il ne se doutera pas une minute qu’on l’attend de pied ferme, avec ces belles fortifications nouvelles conçues par cet ingénieur italien. Cela a coûté cher mais le temps est venu de percevoir les dividendes. »
- Cela signifie que nous n’allons pas tenter de l’arrêter ? Demanda le capitaine Ulrich von Stein, son meilleur guerrier. Un vétéran bardé de cicatrices dont la légende racontait qu’il avait occis seul, blessé et en plein hiver quatre loups affamés et mis en fuite la horde qui l’avait attaqué… avant de dévorer leur viande pour survivre.
- Exactement, Ulrich. On les laisse passer. Et quand il sont bien enferrés dans nos défenses on va prendre leur capitale.
- Mais ils vont ravager tous nos villages sur leur passage ! S’exclama fougueusement Otto von Walder. On ne peut pas laisser faire ça ! Il faut défendre nos gens !

Albrecht regarda longuement le jeune homme. Il n’avait guère qu’une année de plus que lui du haut de ses 23 hivers, mais il se sentait infiniment vieux et cynique en comparaison. « Dire que j’étais comme lui il n’y a pas trois années… Ton Service est bien cruel Seigneur… je me sens gris et usé face à cette belle âme pure, Donnes-moi la force, Seigneur, pria-t-il silencieusement. »
Autour de la table le silence devenait gênant. Albrecht reprit :

- Je sais que cela te paraît injuste, Otto, mais nous devons d’abord gagner cette guerre. Or les forces de Pskov sont au moins deux fois supérieures à celles que nous commandons ici. Nous nous ferions tailler en pièces pour rien. Il faut temporiser.

Et ainsi fut fait : le prince Nikolaï se jeta rageusement contre Dorpat qu’il fut incapable de prendre. Les forces d’Albrecht, plus de 9000 hommes, commencèrent le siège de Pskov.

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Pendant que l’ost du commandeur von Sternberg harcelait le prince Nikolaï une nouvelle fort alarmante arriva à la cour : notre allié Prussien était entré en guerre contre la Pologne, ce fou ! Et il demandait notre soutien, ainsi que celui de la Poméranie, du Mecklembourg et du Holstein. Aux côtés de la Pologne se rangea le Brandebourg et, beaucoup plus inquiétant : la plus importante puissance de la région, la Grande Lituanie.

12 juin de l’an de grâce 1419, château de Vilnius :

Vytautas Didysis dominait l’assemblée de ses vassaux de toute son énorme taille : haut de près de deux mètres, bâti comme un ours et presque aussi poilu il était terrifiant et se servait sans vergogne de son redoutable aspect physique pour effrayer ses interlocuteurs, quels qu’ils soient. Il se mit à rugir : « Mes amis, et ce mot résonnait étrangement dans sa bouche, nos petits frères polonais sont entrés en guerre contre les germains. Nous avons donc une belle occasion d’étendre encore mon royaume. Les Prussiens, Pomméraniens, Holstein et autres Mecklembourgeois sont négligeables ou loin de nous, mais les Teutoniques contrôlent un joyau : Kurland. Un ville riche, un port commercial qui l’est encore plus. Je la veux. Je vais la prendre. Je vous ordonne d’être tous prêts à partir dans 10 jours. » La rapacité se lisait dans tous les regards. Tous étaient certains de ne faire qu’une bouchée des germains et de participer au pillage de l’une des deux plus riches cités de la région avec Novgorod. Et les femmes germaniques, de vraies beautés. On allait leur montrer ce qu’étaient de vrais hommes, ce n’était pas ces moines escouillés de Teutoniques qui pouvaient leur donner du plaisir… « Qu’est-ce que vous attendez ! tonna Vytautas en heurtant la table de son énorme poing. Allez vous préparer ! »

Dès septembre, sans rencontrer de résistance notable l’armée Lituanienne, forte de 22000 hommes fit sa jonction devant les murailles de Kurland avec les 13000 Polonais. Le siège commença.

28 décembre de l’an de grâce 1419, Château de Pskov :

Le dernier notable venait de s’agenouiller devant lui. Albrecht contempla fièrement les seigneurs et grand bourgeois qui tous ployaient le genou et courbaient la tête devant lui. Enfin tous ceux qui avaient préféré conserver des genoux et une tête. Il accepta leur hommage et allégeance au nom de l’Ordre. Albrecht venait de réussir son siège. En seulement six mois il s’était emparé de la ville, mal préparée. Ses espions à l’intérieur avaient habilement joué de l’abandon manifeste de la ville par son prince et du manque de nourriture pour faire face à l’hiver déjà rude pour accélérer la reddition en manipulant les esprits. Il les avait grassement récompensé avant de les envoyer à Tver préparer le futur. Son armée n’avait perdu que quelques centaines d’hommes. Davantage par le froid que par la résistance fort peu acharnée des défenseurs de la ville. Le temps d’organiser la passation de pouvoirs et il attaquera la province lituanienne voisine de Wélikia. La première étape du Plan venait de se dérouler sans la moindre difficulté et il sentait le malaise permanent qui l’habitait depuis son recrutement par le cardinal relâcher son étreinte. « A la grâce de Dieu, dit-il en se tournant vers la petite foule à ses pieds : prions ensemble mes frères, pour le salut de nos âmes. »

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8 janvier de l’an de grâce 1420, devant le château de Dorpat :

Le prince Nikolaï de Pskov essuya la boue qui lui maculait la bouche et tenta de se relever. Couvert de chaînes comme il l’était ce n’était pas facile, mais il y parvint cependant et défia du regard ses barons qui l’entouraient. « Traîtres et lâches. Vous n’êtes que de la vermine, leur cracha-t-il au visage. » Les barons ne frémirent guère sous l’insulte, ils avaient fait leur choix : celui de la survie. L’un d’eux le renversa d’un coup de pied puis le força à courber la tête. « Tu as causé la mort de presque toute ton armée et la chute de ton peuple. C’est toi qui nous a trahi et tu mourras comme un misérable que tu es. » La lame s’abattit avant même qu’il puisse répondre et sa tête roula dans la boue. Son assassin la prit et la mis dans un panier. Il se dirigea vers son cheval, suivit par tous les autres seigneurs. Ils se mirent en route pour proposer les services de leurs 2000 soldats survivants à leurs nouveaux maîtres.

12 septembre de l’an de grâce 1420, siège du Château de Minsk

« Commandeur von Kluppenburg ? un courrier pour vous. » Albrecht n’était pas encore habitué à son nouveau titre et mis un peu de temps à faire entrer le chevalier, dégoûtant de boue séchée et de poussière en cette fin d’été caniculaire, qui lui tendait un parchemin avec le sceau du Conseil. Tout était allé si vite depuis sa victoire initiale sur Pskov. Wélikia était tombée tout aussi rapidement, les 2000 hommes de Pskov l’avaient rejoint ainsi que d’autres renforts de l’Ordre et il commandait désormais plus de 16000 hommes. Il décacheta la lettre : les nouvelles étaient bonnes sur tous les fronts. Kurland, approvisionnée par bateaux tenait toujours et pouvait tenir encore six mois. A l’est le Commandeur von Sternberg venait de s’emparer de Tula et s’apprêtait à attaquer Smolensk. Pour les alliés la situation était moins brillante mais ils tenaient également. Le danger slave s’était révélé à l’épreuve bien moins fort que prévu. Vytautas Didysis avait perdu le tiers de ses troupes devant Kurland et une contre-attaque était de ce fait de moins en moins à craindre. Albrecht se tourna vers le messager et lui sourit, ce qui ne lui arrivait guère : «Allez vous rafraîchir et vous restaurer, mon frère. Ce sont de bien bonnes nouvelles que vous nous amenez. L’Ordre va sortir grandi de tout cela. »

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crash63 said:
Tu joues avec la version de base de EU je suppose ?

Non : EU2, patch 1.08, mod colony. La version que l'on utilise pour le multi "Regnum mercatorum".

C'est quoi la version la plus jouée en ce moment ? j'ai vu quelque part des "AGCEEP" ou un truc dans ce genre mais je ne sais pas à quoi ça correspond.

D'ailleurs à ce propos j'ai l'impression que l'IA a gagné en autisme genre Victoria lors des résolutions de paix. Elle propose parfois des trucs hallucinants. Dernier exemple en date : guerre contre la Moscovie, ils assiégent une de mes provinces (Welikia je crois), n'en tiennent aucune, je les ai battus 3 fois sur 4 sur le terrain, je contrôle deux de leurs provinces et en assiège deux autres : ils me proposent la paix en exigeant Pskov !!! :mad: Rien à voir avec la réalité des combats et de la guerre en cours. Bizarre, non ?
 
Lord_Klou said:
Non : EU2, patch 1.08, mod colony. La version que l'on utilise pour le multi "Regnum mercatorum".

C'est quoi la version la plus jouée en ce moment ? j'ai vu quelque part des "AGCEEP" ou un truc dans ce genre mais je ne sais pas à quoi ça correspond.

D'ailleurs à ce propos j'ai l'impression que l'IA a gagné en autisme genre Victoria lors des résolutions de paix. Elle propose parfois des trucs hallucinants. Dernier exemple en date : guerre contre la Moscovie, ils assiégent une de mes provinces (Welikia je crois), n'en tiennent aucune, je les ai battus 3 fois sur 4 sur le terrain, je contrôle deux de leurs provinces et en assiège deux autres : ils me proposent la paix en exigeant Pskov !!! :mad: Rien à voir avec la réalité des combats et de la guerre en cours. Bizarre, non ?

L'AGCEEP est un mod qui rajoute des events, des pays, et modifie la carte pr rendre le jeu plus historique. C'est vrai qu'à EU je ne joue plus du tout avec la version de base car le mod l'améliore bcp.
Pr plus de détails tu peux aller voir sur le forum anglo ou sinon tu dois avoir un thread un peu plus bas sur le dernier patch.

Sinon ton pb des paix m'est déja rrivé qq fois. Tu continues à lui mettre qq roustes et après il finit par t'offrir d'un coup 5 ou 6 provinces. Les mystères de l'IA... :D
 
Lord_Klou said:
Non : EU2, patch 1.08, mod colony. La version que l'on utilise pour le multi "Regnum mercatorum".

C'est quoi la version la plus jouée en ce moment ? j'ai vu quelque part des "AGCEEP" ou un truc dans ce genre mais je ne sais pas à quoi ça correspond.

D'ailleurs à ce propos j'ai l'impression que l'IA a gagné en autisme genre Victoria lors des résolutions de paix. Elle propose parfois des trucs hallucinants. Dernier exemple en date : guerre contre la Moscovie, ils assiégent une de mes provinces (Welikia je crois), n'en tiennent aucune, je les ai battus 3 fois sur 4 sur le terrain, je contrôle deux de leurs provinces et en assiège deux autres : ils me proposent la paix en exigeant Pskov !!! :mad: Rien à voir avec la réalité des combats et de la guerre en cours. Bizarre, non ?

Mod Colony ? :rofl:
Tu dois surement parler de la petite mise à jour du fichier country.csv que j'ai faite ;)
Sinon l'IA à tendance à exiger plus que la réalité (ou a donner moins jusqu'à ce qu'elle ne se sente completement dépassé, là elle peut tout lacher d'un coup...).
 
Sam Vimes said:
très bon AAR, le style convient tout à fait à l'ambiance :)

Merci, c'est ce que j'ai essayé de transposer après quelques lectures et une BD (Chevalier Walder). C'est d'ailleurs assez dur pour moi car je préfère de loin un ton plus humoristique, mais ça ferait vraiment très bizarre à moins d'aller à fond dans la caricature. Je vais essayer de tenir ça et de faire évoluer les quelques persos de la 1ere partie.
 
2e épisode : pour la plus grande gloire du Christ !

6 mai de l’an de grâce 1421, siège de Vilnius

Le capitaine Ulrich von Stein pénétra d’un pas vif dans la tente de commandement. Toutes les têtes se tournèrent vers lui.
« Les défenses sont prêtes, Commandeur. Nous avons une double ligne de fossés garnie de piques et un talus renforcé par une palissade. Des tours de garde tous les cinquante pas. Trois mille Archers et arbalétriers pour garnir le tout. L’armée lituanienne peut venir. Nous tiendrons. »
Aucune forfanterie dans la déclaration du vieux guerrier mais une confiance à toute épreuve qui se propagea à toute l’assemblée. Le Commandeur von Kluppenberg prit la parole :
« Mes frères chevaliers cette bataille est la plus importante de toute la guerre. Si la capitale tombe, la Lituanie devra accepter la paix que nous lui imposerons. Nous savons qu’ils ont levé le siège de Kurland pour venir nous attaquer, laissant les seules forces polonaises devant notre ville. Leurs forces dans le sud soit environ 8000 hommes convergent également vers nous. Nous allons devoir nous battre à la fois contre les défenseurs de Vilnius et la totalité de leurs forces armées. A un contre deux au bas mot. »
Il les dévisagea longuement. Tous étaient tendus, conscients de l’enjeu, mais on sentait aussi une sorte d’exaltation à peine réfrénée chez les plus jeunes. Le jeune Otto von Walder illuminait la scène, rayonnant de fierté anticipée. Albrecht reprit :
« Vaincre ou périr, mes frères. Pour la plus grande gloire du Christ ! »

2 février de l’an de grâce 1422, plaine devant Vilnius

Vytautas Didysis allait la tête basse sur le champ de bataille. Aucun de ses barons n’osaient lui adresser la parole. Partout s’étalaient les cadavres de ses hommes, des corbeaux les dévoraient avec gourmandise. La dernière charge avait échoué, comme les autres. Plus de 25000 hommes avaient péri. Le regard éteint, la démarche hésitante l’ours de Lituanie errait comme une ombre. Pour la première fois de sa vie il rencontrait la défaite. La déroute. Totale. Trois fois il s’était porté au secours des assiégés, trois fois il avait été repoussé, multipliant ses pertes. Même le contingent de 6000 vétérans polonais lourdement armés venu en renfort avait été détruit jusqu’au dernier. Un déluge de feu les avait accueillis, flèches et carreaux trempés dans de la poix enflammée. Ils avaient tout essayé : les charges de cavalerie lourde, les engins de siège, les galeries souterraines, les longues piques de l’infanterie, les assauts massifs. Et tout avait échoué. Pas de brèche dans la défense de l’Ordre. Et Vilnius qui tombe quelques jours après Smolensk. Lui qui était le maître de la plus grande puissance de l’est il était humilié par l’adversaire le plus improbable. Plus d’armée, à peine 6000 hommes dépenaillés, démoralisés, effrayés. La moitié de son royaume contrôlée par les Chevaliers Teutoniques qui lui proposaient la paix contre la Wélikia, le Bélarus et 50 ducats d’or. Il fallait signer cette paix infâmante. Vytautas s’était figé, le regard vaguement fixé au loin. Il se tourna brutalement vers ses barons.
« Nous allons signer ! Hurla-t-il, les faisant tous sursauter. »
« Et nous nous vengerons, reprit-il un ton plus bas. »
Dans ses yeux, l’étincelle sauvage s’était rallumée.

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Avril de l’an de grâce 1422, devant Kurland

les cavaliers de l’Apocalypse

Albrecht para le coup d’estoc du Polonais avec son bouclier, la douleur résonna dans tout son bras. Vivement il feinta sur la gauche, repoussa l’ennemi déséquilibré d’une poussée violente et lui ouvrit la mâchoire de sa hache, d’un coup remontant en diagonale. Sa vaillante épée, compagne de tant de combats, avait été brisée une heure plus tôt, ou était-ce un siècle ? Broyé de fatigue, couvert de sang et de boue il voyait le dernier carré de ses compagnons s’amenuiser de minutes en minutes autour de lui. Et les polonais qui revenaient sans cesse. Comment était-il possible qu’ils soient aussi nombreux ? Seigneur ! Plus nombreux que les grains de sable de la plage de Livland, où il aimait tant se délasser. Plus nombreux que les vagues furieuses, comme elles couverts d’écume, comme elles meurtriers en diable ! Des fantassins dur au mal qui encaissaient aussi bien que ses vaillants compagnons.

Il ne vit pas venir la lance du soldat qui allait s’enfoncer dans ses entrailles quand le rugissement d’Ulrich résonna dans ses oreilles en même temps que l’ennemi s’abattait à ses pieds, foudroyé par la masse d’armes du mangeur de loups. Il y eut un léger reflux des soldats Polonais, impressionnés bien malgré eux par sa masse grise et le tonnerre qui servait de voix au vieux chevalier. Il saisit Albrecht par le col de sa cotte de maille :
« Est-ce ainsi que tu comptes rendre ton âme à Dieu, Commandeur ? Bats-toi ! gronda-t-il, avant de le lâcher tout aussi brutalement. »
Albrecht se reprit immédiatement, et tous ses hommes avec lui, guère plus d’une vingtaine, galvanisés par la puissance brute et animale d’Ulrich. Oh oui, ils allaient mourir. Cela ne faisait plus de doute. Albrecht tout en se battant furieusement entonna un « Te Deum » rageur. Tous le reprirent. La plupart des Polonais se figèrent pendant quelques secondes. Qui étaient ces fous qui allaient à la mort en remerciant Dieu ? Qui étaient ces fous qui tuaient en chantant ? Mais cela ne les arrêta pas bien longtemps. Autour d’Albrecht les croix noires recommencèrent à tomber. La fin n’allait pas tarder.

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Et puis de l’extérieur du cercle de fer le même chant s’éleva. Et la pression se fit de moins en forte sur les derniers chevaliers survivants. Là, le jeune Otto von Walder, beuglant plus qu’il ne chantait, menait la charge de la cavalerie de réserve de l’Ordre. Ils taillaient, tranchaient, écrasaient à tour de bras. Un des Polonais, fou de terreur, se mit à hurler à son tour :
« Les Cavaliers de l’Apocalypse ! Les Cavaliers de l’Apocalypse ! »
Et ce fut la débandade. Les cavaliers poursuivirent la masse des fuyards, leur occasionnant de terribles pertes. Sur les flancs les ennemis se désorganisèrent également, devant la défaite de leur centre. La bataille de Kurland, contre toute attente, était gagnée. Mais que le prix avait été lourd, songea Albrecht en contemplant la débauche de cadavres qui souillaient le champ de bataille. Une bourrade dans les côtes d’Ulrich le ramena, une fois de plus, à la réalité :
« Il faut croire que Dieu a d’autres projets pour nous, Commandeur, lui dit-il, hilare. »
 
3e épisode : Albrechto Furioso

23 avril de l’an de grâce 1422, à l’aube, hospice de la Commanderie de l’Ordre

Otto respirait faiblement. On entendait à chaque souffle un sifflement qui n’augurait rien de bon. Très pâle, il était sans connaissance depuis maintenant trois jours. Ses draps avaient été changés le matin mais ils étaient déjà souillés par le sang de ses nombreuses blessures. A son chevet, plus pâle encore, Albrecht était hagard. Il n’avait pas pu dormir depuis qu’on avait ramené le corps de son si jeune capitaine, à la fin de la bataille que son seul courage avait emportée. Quelle brûlante ironie ! La culpabilité le dévorait. 9000 braves avaient péri du côté Teutonique et près de 15000 chez l’ennemi. Il avait pourtant dit et répété aux sages du chapître de l’ordre qu’il ne fallait pas tenter de briser le siège de Kurland. Il savait que la meilleure tactique était celle qu’ils avaient utilisée contre la Lituanie : se contenter de harceler l’ennemi devant Kurland et faire tomber la capitale polonaise. Mais il n’avait pas su, pas pu, pas osé passer outre les ordres de ses supérieurs. Même auréolé de tous ses succès lituaniens, même appuyé par le nonce du Pape, il n’avait emporté l’adhésion. O certes il avait déjà vu mourir bien des hommes. Mais jamais autant de ses frères. Et lui, Otto, sa dernière ombre d’innocence qui agonisait à son tour…

Ulrich entra doucement, vit Albrecht et lui posa la main sur l’épaule :
« Comment va-t-il ? murmura-t-il.
- Toujours pas repris conscience. L’espoir s’amenuise. Lui répondit-il. Puis se tournant vers son vieux compagnon il reprit :
- Pourquoi faisons-nous tout cela, Ulrich ? Pourquoi ? Comment Dieu peut-il désirer autant de souffrances ?
- Nous n’avons fait que nous porter au secours de nos alliés, mon frère. Nous ne sommes pas des parjures. Lui dit-il avec une douceur inhabituelle.
- Tu sais très bien ce qui a tout déclenché, Ulrich. C’est notre attaque de Pskov. Mon attaque. Ma faute, ma très grande faute répondit-il douloureusement en battant machinalement sa coulpe.
- Non, Albrecht. Tu n’as fait qu’obéir aux ordres de Rome et tu le sais. Même si les désirs de Rome s’harmonisent avec tes souhaits et tes recommandations. Il s’agit d’une croisade. Nous nous battons pour la plus grande gloire de Dieu. Souviens-toi de tes propres paroles reprit-il plus durement.
- Mais c’est nous que les hommes jugeront ! s’exclama le Commandeur, totalement désemparé. C’est l’Ordre qui va sortir grandi et enrichi, malgré toutes nos pertes.
- Notre expansion est une condition de notre survie. Nous ne pouvons protéger les chrétiens menacés que si nous sommes forts. Nous avons été créés dans un but précis : ce but n’était pas de nous faire massacrer pour rien.
- Mais est-ce une excuse à la conquête ?
- Non, Albrecht : pas une excuse mais une explication. La conquête n’est pas la cause de la croisade, c’est sa conséquence. Et nous ne sommes que son instrument. L’instrument de Dieu.
Le commandeur resta silencieux. Son désarroi toujours présent n’avait guère trouvé de réconfort dans les paroles d’Ulrich. Alors celui-ci reprit :
- Ici c’est la guerre perpétuelle, on n’a pas attendu notre arrivée. Païens comme chrétiens, catholiques comme orthodoxes. Tous sans exception pillent, maraudent, pratiquent l’esclavage, violent, tuent. Ils oppriment leurs voisins quand ce n’est pas leur propre peuple. Voilà leur mode de vie ! Les seigneurs de ces pays ne veulent pas la paix. Tu aurais préféré découvrir que nos ennemis étaient d’innocentes victimes ?
- Oui ! ça m’aurait donné un excellent motif de nous haïr, de me haïr. Et de m’abandonner sans lutte au remords qui est la pire des pénitences ! … la pénitence apporte l’absolution, n’est-ce pas ? demanda-t-il, presque implorant.
- Mais nos ennemis ne sont ni innocents ni inoffensifs. La douleur t’égare, mon frère. Ce qui est sûr c’est que les autres guerriers n‘ont pas de règles de conduite aussi strictes que les nôtres. A condition de respecter nos vœux de religion nous ne sommes sans doute pas les plus mauvais de tous.
Albrecht, livide, se tordait les mains mais les réponses d’Ulrich faisaient leur chemin dans son esprit.
- Oui, Ulrich. Ce serait trop facile de penser qu’il y a les bons et les mauvais. Ah, quel étrange aveu pour un moine… La guerre nous amène à des pensées troublantes. Ce que nous avons fait… » il tourna douloureusement son regard vers le jeune homme agonisant et lui passa doucement la main sur le front « … nous avions de bonnes raisons de le faire ! » conclut-il dans un murmure.

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23 avril de l’an de grâce 1422 : midi, salle du conseil de l’Ordre

L’émissaire Polonais, Wladimir Polovski, chamarré et couvert de soie et d’étoffe précieuse se paonnait visiblement, dressé de toute sa taille, le maintient fier et le verbe haut il s’adressait orgueilleusement au conseil. Derrière lui, sa suite offrait le même spectacle de fierté et de mépris. A trois pas de là, assis avec le conseil pour la première fois, Albrecht bouillait intérieurement. L’émissaire reprit, un petit sourire arrogant au coin des lèvres :
- Donc messieurs je résume les conditions fixées par mon maître le Roi de Pologne pour arrêter cette guerre : L’Ordre Teutonique paiera 50 ducats d’or, la Prusse devra accorder l’accès militaire et le port de Danzig.
- Et qu’est-ce qui vous permet de justifier ses exorbitantes prétentions ? répondit le Commandeur von Sternberg. Nous vous avons chassé de notre territoire, mis en déroute votre armée et si vos forces assiègent Königsberg la ville n’est point à vous !
- C’est la volonté du Roi ! Vous autres devez vous y plier sinon…

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Il n’eut pas le temps de finir sa phrase : Albrecht avait surgit devant lui en rugissant et en se levant comme un fou furieux. Il rejoignit l’émissaire en deux enjambées tira son épée et lui trancha proprement la tête. Tout le monde s’était figé dans la salle. Puis il hurla en direction de la suite de l’émissaire :
- Rapportez à votre maître la tête de ce fou ! Et dites-lui que nous allons venir négocier directement avec lui, bientôt : dans les ruines de son château en flammes !
 
4e épisode : Die Walkürenritt

18 mai de l’an de grâce 1425, Le vent du large, mer du Nord

Une brise légère ramenait doucement le Walkürenritt au port de Kurland. L’essai du fier navire se déroulait à merveille. Appuyé au bastingage de la poupe, tourné vers le large Albrecht respirait à pleins poumons un air délicieux. Un air sans odeur de fumée, de cadavres pourrissants et d’entrailles relâchées à l’ultime moment. Qu’il serait bon de naviguer, de partir au loin, de se nettoyer l’âme au vent du large… Il se retourna dans un soupir. Sur la passerelle de commandement un jeune homme, privé de son bras droit, commandait fermement le navire. Albrecht sourit. Qui aurait pu penser qu’Otto survivrait à ses blessures et à l’amputation ?

Lorsqu’il avait pris la tête des armées de l’Ordre, à la suite de son coup d’éclat en plein conseil, son jeune capitaine était à l’article de la mort. A sa grande surprise l’ensemble du chapitre teutonique avait approuvé sa réaction, eux aussi étaient exaspérés par l’impudence des Polonais. Le Commandeur von Kluppenbourg avait chassé impitoyablement l’armée polonaise du siège de Königsberg puis de Danzig. Avec une rage qui surprenait tout son entourage, sauf évidemment le vieil Ulrich qui en connaissait l’origine, il avait refusé toute négociation avant d’assiéger à son tour Krakow. Là, il avait appris la survie de von Walder. Après une nuit passée en prière pour remercier Dieu il avait enfin consenti à recevoir le roi de Pologne. Certes le tribut de 75 ducats était bien faible en regard des pertes humaines de l’Ordre, mais il fallait en finir après cinq années de guerre. Wladislaw II Jagiello avait montré une humilité surprenante lors de la signature du traité. Il évitait soigneusement le regard d’Albrecht, visiblement effrayé par la décapitation de son émissaire. Von Kluppenburg avait joué de cet avantage en le dévisageant ouvertement, des éclairs menaçant dans les yeux. Le Jagiello s’était décomposé au fur et à mesure de l’entretien, une pâleur cadavérique avait envahi ses joues. Il avait tout fait pour en terminer au plus vite. Cette lâcheté avait dégoûté Albrecht. Au moment où Wladislaw lui tendait le traité il lui avait saisi le bras et s’était penché vers lui. La pâleur du souverain polonais s’était encore accentuée et il s’était mis à trembler, les yeux écarquillés par la terreur. Albrecht s’était contenté de lui dire doucement :
« Respectez votre parole. » Et l’avait lâché. Le Jagiello était parti immédiatement, se retenant difficilement de courir. Et le rire tonitruant d’Ulrich avait retenti.

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L’argent avait servi à financer la construction du Walkürenritt, le premier vaisseau de ligne des Chevaliers Teutoniques. Otto, fort de son expérience et des heures passées à pêcher et naviguer dans sa jeunesse, avait été chargé de superviser la construction. Puis il avait reçu le commandement du navire, un poste où il pouvait déployer ses talents et son ardeur sans être trop gêné par son handicap. C’est également lui qui avait choisi ce nom païen, pour rendre hommage à la bravoure de ses frères morts au combat. Certains anciens du chapitre avaient tiqué devant l’évocation des Walkyries, qui fleurait bon le paganisme nordique. Mais Albrecht avait usé de son influence désormais incontournable et de sa réputation naissante d’inflexibilité pour imposer ce nom.

Otto semblait transfiguré. Il était parfaitement à sa place ici, les cheveux offerts au vent, il retrouvait les gestes simples de sa jeunesse. Il ne faisait qu’un avec son navire, sentant le rythme de la houle, le moindre souffle d’air dont il pouvait tirer parti. Son visage semblait oublier les marques de la guerre et retrouver la quiétude du marin. Albrecht s’en réjouit : celui-là resterait pur. Loin de la souillure des batailles et du terrible doute. Celui-là serait sauvé.

21 mai de l’an de grâce 1425, Port de Kurland

Le navire venait juste de terminer sa manœuvre d’appontage lorsque le messager de l’Ordre surgit devant Albrecht et Otto qui s’extasiaient sur les qualités de vitesse du Walkürenritt. Il tendit un parchemin scellé à Albrecht en s’exclamant, visiblement essoufflé :
« Commandeur von Kluppenburg, enfin vous êtes rentrés. Vous êtes attendu au conseil de toute urgence. C’est la guerre, Commandeur.
- Quoi ! Nous avons signé la paix il y a moins d’un an ! Comment osent-ils trahir leur parole ?
- Non, Commandeur. Ce n’est ni la Pologne, ni la Lituanie, ni la Poméranie. C’est le prince de Tver : il prétend que Pskov lui appartient de droit !

Albrecht resta silencieux. Ainsi ses espions avaient réussi à exaspérer Ivan Ier et le pousser à la faute. Ce fou n’avait même pas d’allié proche et sa vassalisation au Khan de la Horde d’Or ne lui serait d’aucun secours. Il fallait, déjà ! repartir en guerre. Le Commandeur se tourna vers Otto von Walder et lui dit :
« Adieu, mon frère. Prend bien soin de ce fier vaisseau. Pour moi il est temps de chevaucher à nouveau. »

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14 Septembre de l’an de grâce 1426, Cathédrale de Tver

Les cloches sonnaient à toute volée pour la sortie des dignitaires de l’Ordre. Sur le parvis de la cathédrale la foule assemblée restait muette, ne sachant comment traiter ces nouveaux maîtres. Le siège avait été si rapide que le peuple n’avait guère souffert de la faim. Les espions d’Albrecht, au bout de deux mois seulement, avaient réussi à corrompre les gardes d’une des entrées de la forteresse. Les Chevaliers s’étaient engouffrés dans la brèche et seule la garde personnelle d’Ivan Ier et une poignée de soldats avaient pu se réfugier dans le donjon du prince. Se sachant perdu il n’avait pas tardé à céder sa principauté contre un sauf-conduit pour lui et sa famille. Albrecht souhaitant une conquête rapide et la moins brutale possible avait aussitôt accepté. Ivan avait quitté les lieux la nuit précédente, dans la plus grande discrétion. La ville était tranquille car la grande discipline des chevaliers avait épargné à la population les affres du pillage, du meurtre et, bien entendu, du viol. Travaillée au corps par la propagande des espions teutoniques elle semblait hésiter encore à se donner à son vainqueur. Albrecht fit un signe discret à un héraut d’armes qui s’avança vers la foule et déclama à voix haute :
« Oyez, Oyez ! Par ordre du Commandeur von Kluppenburg et pour permettre aux habitants de la province de Tver de se remettre de la guerre causé par l’inconséquence d’Ivan Ier une dispense d’impôts est accordée à tous pour l’année en cours et l’an prochain. »
Dans la foule les murmures incrédules se transformèrent vite en clameurs enthousiastes. C’est sous les vivats du peuple que les chefs militaires de l’Ordre descendirent le parvis. « Voilà une affaire rondement menée, pensa Albrecht. » Il se remémora ses débuts de chef de guerre : avec l’annexion de Tver, l’Ordre contrôlait désormais le double de provinces qu’au début de la 1ere guerre contre Pskov. Le nonce du Pape allait être satisfait. Tout se déroulait à merveille. Dieu était visiblement de leur côté et Albrecht lui adressa une nouvelle prière de remerciements :
« Grand merci à Vous, Seigneur, d’avoir permis que cette guerre coûte si peu en vies humaines. Grand merci à Vous d’avoir semé la compassion dans le cœur de mes frères, la frayeur et la modération dans celle du pauvre prince Ivan. Grand merci à Vous de nous avoir donné ce peuple. Nous en serons les fidèles bergers, je Vous le jure, Seigneur. »

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5e épisode : Ravages

12 septembre de l’an de grâce 1430, siège de Vilnius

Ulrich von Stein entra de son pas tonitruant dans la tente de commandement. Il arborait un étrange sourire contenu, comme s’il était le seul à connaître une bonne blague dont son Commandeur allait bientôt faire les frais. Les capitaines se redressèrent et abandonnèrent la lecture de la carte des opérations. Ulrich se tourna vers von Kluppenbourg et son sourire s’accentua encore :
« Les mercenaires bourguignons sont arrivés, Commandeur. » Il attendit un petit moment que les officiers expriment leur soulagement. Les pertes infligées à l’Ordre avaient été telles que le recrutement des chevaliers slaves et scandinaves, recommandé par le Commandeur mais jusque-là bloqué par le Conseil, n’avait pas suffi. Il avait bien fallu se résoudre à lever des contributions de guerre et faire appel à des guerriers professionnels. Les sept mille hommes dont disposaient von Kluppenbourg devant Vilnius étaient à la merci d’une contre-attaque de la coalition lituanienne et ses officiers en étaient cruellement conscients. La venue des mercenaires devait les soulager.
Puis Ulrich ajouta :
« Cela ne va pas vous plaire, Commandeur. » Et sa grosse face était carrément hilare.
- Comment ça, Capitaine ? demanda Albrecht, quelque peu décontenancé.
- Vous allez voir, Commandeur. Le capitaine bourguignon arrive.

Le capitaine arriva effectivement immédiatement. Entièrement recouvert d’une armure complète aux armes de sa compagnie, un griffon doré sur champ d’azur écartelé d’une croix de Saint-André rouge à l’épaulette. L’armure était visiblement de fabrication italienne, d’excellente qualité et bien entretenue, faite aux mesures de son occupant et non bricolée de bric et de broc. Cela dénotait la prospérité de ce capitaine et de sa compagnie, donc leurs qualités de combattants.

Mais ce n’est pas ça qui retint l’attention de tous les officiers rassemblés sous la tente. Au-dessus de l’armure se trouvait un visage jeune, très jeune. A la peau pâle et délicate, aux yeux gris-verts étincelants, à l’abondante chevelure blonde très pâle. Les traits fins bien que marqués par une cicatrice ancienne à la pommette droite qui remontait juste sous l’œil. Le nez droit et élégant, les lèvres fines et bien ourlées. Le tout indubitablement féminin.

Le silence s’éternisa sous la tente. Ulrich s’amusait à dévisager tour à tour tous ses compagnons. Certains des plus jeunes avaient rougi jusqu’à la racine des cheveux. Même son intrépide Commandeur restait tétanisé, les yeux fixés sur le visage splendide de la jeune femme en armure. Celle-ci prit la parole d’une voix ferme :

« Messieurs, je suis le capitaine Cendrine de la compagnie du Griffon d’or. J’amène 4000 fantassins et 1500 cavaliers. Avec qui dois-je discuter ma condotta ?
Tous les regards se tournèrent vers von Kluppenbourg qui adressa un regard furibond à Ulrich avant de se résoudre à répondre.
- Avec moi, Mada… Capitaine. C’est bien vous qui commandez la compagnie ? reprit-il, incrédule et maladroit.
- Depuis trois ans. Cela vous pose un problème, messire ?
- C’est que vous êtes si jeune…et…et, comment dire…
- Si femme ? Dit-elle, en souriant, visiblement amusée par la maladresse du Commandeur.
Von Kluppenbourg sourit également. Le tour était effectivement amusant et ma foi L’Ordre Teutonique avait grand besoin d’aide, d’où qu’elle vienne.
- Veuillez me pardonner Capitaine. Notre état de moine guerrier ne nous prépare guère à parler aux damoiselles. Et encore moins à combattre à leurs côtés. Mais nous avons urgent besoin d’aide et vous êtes la bienvenue. Nous allons discuter les termes de votre contrat, votre condotta comme vous l’appelez à l’italienne.


14 septembre de l’an de grâce 1430, siège de Vilnius

Un vent de révolte soufflait dans la tente de commandement. Une partie des chevaliers teutoniques, furieux, refusaient de combattre aux côtés d’une femme. Albrecht restait silencieux, laissant monter le volume sonore.
- Cette histoire va nous porter malheur. Les femmes n’ont pas leur place sur le champ de bataille un point c’est tout. Hurla le capitaine suédois Ingmar von Skane. Nous faisons cette guerre depuis trois ans, nous nous en sortons très bien : Smolensk et Tula sont tombées sous nos coups !
- Et c’est avec nos 7000 hommes que nous allons arrêter la coalition lituanienne ? Rugit Ulrich. Ils ont plus de 30000 hommes à Kurland. Si nos alliés prussiens cèdent ils vont se précipiter ici et nous massacrer. Sans compter les 13000 polonais et brandebourgeois qui repoussent nos alliés à l’ouest : Mecklembourg, Poméranie, Bremen et Holstein perdent bataille après bataille. Nous avons besoin de renforts. La deuxième armée est occupée à assiéger Kursk et ne peut pas nous rejoindre. Nous sommes coincés.
- Et bien nous mourrons en braves ! Beugla le capitaine Ivan von Tver. Mais nos âmes rejoindront Dieu. Nous nous perdons en combattant aux côtés d’une femme. Je refuse de faire cela !

Albrecht estima qu’il était temps d’intervenir :
- En ce cas il ne vous reste qu’à partir, frère Ivan. Ma décision est prise, le contrat a été signé ce matin pour la durée de cette guerre. Que les esprits faibles et superstitieux s’en accommodent.
- Cette femelle vous a ensorcelé, Albrecht ! Reprenez-vous, pour l’amour de Dieu, reprit Ingmar sans se rendre bien compte de ses paroles.
- Cette femme est un excellent commandant. La preuve en est qu’elle est à la tête de cette compagnie depuis trois ans. Croyez-vous que ses hommes toléreraient autre chose que l’excellence chez une femme ? Gardes ! Emmenez le chevalier Ingmar aux arrêts. Vous ferez carême pendant quarante jours, chevalier. Méditez donc sur le respect dû à votre supérieur et sur vos étranges préventions vis-à-vis des femmes. Ce sont aussi des créatures de Dieu.

Nuit du 16 avril de l’an de grâce 1431, tente du Commandeur von Kluppenbourg :

Albrecht faisait les cent pas sous sa tente, incapable de trouver le sommeil. L’après-midi même Vitautas Dydisys, complètement abattu, avait signé pour la deuxième fois une paix infâmante, abandonnant Smolensk et Tula à l’Ordre Teutonique et jurant une paix éternelle entre lui et les chevaliers. Le commandeur ne croyait guère ce serment mais l’aura de la Lituanie avait sérieusement pâli alors que l’étoile des chevaliers semblait illuminer l’Europe de récits d’invincibilité des moines soldats. Le roi lituanien aurait le plus grand mal à rassembler une nouvelle coalition après cette très lourde défaite. Bien entendu Novgorod avait profité de la situation pour s’emparer de Pskov mais la jonction des deux armées teutoniques serait amplement suffisante pour les repousser. Et c’était un autre conflit. La deuxième guerre lituanienne était finie. Son contrat était fini. Elle allait partir.

Ingmar avait eu raison finalement : Albrecht était ensorcelé. Au long des mois passés à combattre à ses côtés, à écouter la pertinence de ses réflexions et ses intuitions fulgurantes Albrecht avait d’abord respecté le chef de guerre. Bien meilleure que lui alors qu’il était admiré d’une bonne partie de l’Europe de l’Est et adulé par ses frères chevaliers. Cette femme avait la guerre dans le sang. Elle comprenait tout de suite les rapports de force sur le champ de bataille. Elle avait une phénoménale intuition du comportement de l’adversaire. Et une capacité d’invention sidérante. Il avait beaucoup appris à ses côtés et les plus réticents de ses frères avaient fini par tous partager ce respect de la guerrière. Leur victoire lui devait beaucoup.

Et puis il avait commencé à voir la femme en elle. Il se souvenait parfaitement du moment. Juste après une énième charge de cavalerie victorieuse ils avaient posé pied à terre. Elle lui tournait le dos lorsqu’elle enleva son casque et ébouriffa ses cheveux collés par la transpiration. Une petite mèche était posée sur sa nuque qu’un rayon illumina soudain, éclairant le fin duvet blond de la jeune femme sur la peau colorée par la vie au grand air. Ce rayon éblouit Albrecht. Cette fragilité merveilleuse sous le métal le bouleversa au-delà de toute expression. Elle s’était retournée dans un éclat de rire, toute à la joie de la victoire et avait surpris son regard. Et le lui avait rendu. En silence. Elle le regardait comme personne ne l’avait jamais fait. Ne sachant plus où il était il fit un pas vers elle, prêt à la prendre dans ses bras. Et le gros rire d’Ulrich avait retenti en même temps qu’une masse s’abattait sur ses épaules.
« Ces brandebourgeois se battent vraiment comme des femmelettes. Puis il réalisa à qui il venait de dire cela. Euh, cela dit sans offense, Dame Cendrine, grommela-t-il mal à l’aise.
- Sans offense, Ulrich. De vraies femmes se battraient bien mieux que cela. Répondit-elle en lui balançant une monstrueuse claque sur l’épaule qui le fit chanceler. Puis elle fit un léger sourire à Albrecht, qui acheva de fondre, et se détourna.
Aussi incroyable que cela soit personne n’avait rien vu. Albrecht réalisa après coup que toute la scène n’avait guère duré plus de cinq ou six secondes. Depuis son cœur était ravagé.

Tous les jours il la voyait, captait un fragment de son odeur. Volait un éclat de son sourire. Se plongeait dans le doux lac de ses yeux. Il se mettait à penser en termes d’amour courtois. Il passait parfois toute une explication stratégique fixé sur le mouvement sensuel de ses lèvres et n’entendait rien de ce qui se disait. Tous les jours il brûlait de passion, dévoré par la douce torture d’avoir l’objet de ses feux à portée de main et aussi totalement inaccessible que si elle était de l’autre côté des steppes d’Asie. La stricte discipline du moine soldat parvenait encore à le contenir. Ses officiers le sachant déjà sujet à la rêverie ne se doutait guère qu’elle avait changé d’objet et que ses méditations s’éloignaient chaque jour davantage de sa foi chrétienne. La foi ne lui était d’aucun secours. Il se surprenait parfois à penser que le costume qu’on était en train de lui tailler était bien trop grand pour lui. Il se murmurait dans les rangs des chevaliers qu’il pourrait bien accéder à la charge de Grand Maître de L’Ordre. Dieu, il n’avait pas encore trente-cinq ans ! Se pourrait-il qu’une autre vie soit possible ? Une autre vie … avec cette femme ?

Il en était là de ses réflexions lorsqu’il entendit du bruit derrière lui et se retourna. Elle venait d’entrer sous sa tente.
« Je ne vous dérange pas, Commandeur ?
- Pas le moins du monde, Capitaine. Pour dire la vérité… et d’une façon surprenante, à ce moment, Albrecht se détendit totalement. Se laissant envahir par le doux bien-être qui naissait de la présence de cette jeune femme. Il reprit :
- Pour dire la vérité je pensais à vous, Damoiselle Cendrine.
- Voici une bien agréable coïncidence car moi aussi je pensais à vous, Albrecht. Et ce n’est pas d’aujourd’hui seulement. Demain je pars avec mes hommes. Elle se rapprocha de lui et lui prit les mains.
- Serait-il possible que, pour cette nuit, ton Dieu accepte de te partager avec moi ?
- Cette nuit seulement ? Dit-il en couvrant ses fines mains de baisers.
- Nous sommes ce que nous sommes, Albrecht. Je suis une guerrière, tu es un chef. Un très grand chef même si tu n’as pas encore de couronne. Nos destinées peuvent se croiser mais pas se joindre.
- Cette nuit je ne suis pas un Commandeur, juste un homme. Un homme pour la première fois avoua-t-il, sans gène aucune.


 
Last edited:
Oh que c'est bôôôôôôôôôôôôôôô :eek:o :eek:


j'en suis tout ému. Très beau passage, Lord :)
 
ouaip c'est vraiment bien...

C'est Dunhere qui va encore raller....
 
bah... le romantisme est au femme ce que le couteau a huitre est au mollusque.

a part ca c vachement bien ;)
 
Merci, c'est encourageant. :rolleyes:

Je voulais faire une petite pause de douceur dans cet AAR assez furieux.

Et mettre une fois de plus mon héros mal à l'aise, mais en lui accordant une petite douceur cette fois :p