Clément XI 1700-1721
Le successeur d'Innocent fut très vite choisi et Clément, onzième du nom, revétit la tiare pontificale. De son vrai nom Giovanni Francesco Albani, il s'intéressa grandement aux querelles religieuses de la France, notamment janséniste, et rédigea les bulles
Vineam Domini en 1705 et
Unigenitus en 1713, condamnant les thèses de Jansen. Sous son règne les Etats Pontificaux reprirent leur place de grande nation européenne.
Les premières années du pontificat de Clément XI furent marquée par le développement de l'influence romaine en Italie. La signature d'un traité d'alliance entre Modène, Rome et la Toscane le 25 octobre 1700 établit une solide force en Italie centrale, capable de résister à une invasion Autrichienne. En effet, les Espagnols résistaient de plus en plus mal aux invasions dans le nord du pays, et les coups de boutoirs des armées impériales devaient bientôt avoir raison des garnisons lombardes et de l'armée espagnole, forte pourtant de quinze mille hommes. Si Milan tombait, Naples serait leur prochaine cible et Rome serait sur leur passage...
Très vite, l'alliance fut renforcée, et devint un protectorat sur Modène. Le duc d'Este, en possession du territoire de Modène, s'étendant de la mer à la plaine du Pô, remit les clés de la ville à Clément le 2 mars 1701, après que les Autrichiens aient menacé l'Italie d'invasion. La situation devenait catastrophique, et les fonds disponibles ne permettraient jamais de s'opposer à la colossale puissance militaire austro-prussienne, qui aurait vite fait d'écraser la maigre garde pontificale et les quelques soldats des armées de Toscane et de Mantoue.
Les dernières économies romaines partirent dans la création d'un comptoir dans la province de Tassaret, dont les marchands d'Ancône avaient été précdemment refoulés. Après de longues tractations avec le roi du Maroc, faisant pression par la menace de l'expédition chrétienne, qui serait menée par le roi du Portugal, les Etats du Pape pouvaient enfin ouvrir leur comptoir longtemps désiré et enfin en place. Par une bulle de 1702, Clément demandait aux rois catholiques possesseurs de colonies en Amérique du Nord et aux Caraïbes de réaliser 20% de leurs achats d'esclaves dans le territoire de Tassaret. Les fonds ainsi acquis permettraient de développer le pays et de se constituer une flotte militaire de première qualité et pouvant rivaliser avec celle de l'Autriche (qui sillonait la Mer Adriatique et menaçait directement le grand port pontifical d'Ancône).
En Europe, le conflit se poursuivait. Les Autrichiens écrasaient les dernières forces espagnoles de Lombardie et menaçaient Milan. Aux Amériques, les Anglais étaient durement repoussés. Les Colonies étaient occupées par la France, les Caraïbes par les Espagnols. La Hollande était envahie par Louis XIV qui pénétrait à Maastricht et Utrecht. Les Prussiens devaient faire face à la fois aux troupes Bavaroises, Suédoises et Russes. Il perdaient la côte de la Baltique, ainsi que la région de Magdebourg, et très vite se trouvaient à la merci d'une invasion française à Clèves. Cependant, les Autrichiens luttaient vaillament et menaçaient à tout moment l'Italie d'une attaque en force. Pour contrer cette possible invasion, Clément signa le 2 août 1702 une alliance défensive (
mariages royaux) avec la France et l'Espagne. Ainsi protégée et bénéfiiant de la protection des cinquante mille espagnols d'Italie du Sud et de la Sicile, sans compter les vingt mille alliés et les quinze soldats de la Garde, Rome était enfin à l'abri et pouvait se consacrer à son développement économique.
La peste frappa une nouvelle fois l'Italie, au mois de février 1703. La Romagne fut durement frappée et Ravenne perdit dix mille de ses habitants emportés par la mort noire. Un navire autrichien venait juste de pénétrer dans le port de la ville et transportait à son bord des malades arrivés de Hongrie. Cet acte fut considéré comme une attaque directe de la part des Impériaux et les relations diplomatiques furent coupées entre les deux pays. Il fallait immédiatement que les Etats Pontificaux prennent des mesures. (
évènement Peste en Romagne: 1000 morts, -1 stab).
C'est ainsi que fut décidé le lancement du programme de construction naval qui visait à créer une flotte capable de concurrencer l'Autriche en Adriatique et de poursuivre l'effort de colonisation engagé depuis près de deux ans. Le 7 juillet 1703 était lancée la construction du premier navire dans les chantiers d'Ancône. Les fonds modestes de l'Eglise ne permettaient que de s'offrir un navire de transport, mais très vite les ressources disponibles augmentèrent et en février 1707, un navire de ligne, magnifique trois ponts calqué sur le style espagnol, fut mis en chantier. Les Etats du Pape bénéficiaient ainsi en 1707 d'une flotte comparable à celle de l'Autriche, et la meilleure au niveau italien (seule Gênes pouvait rivaliser avec Rome, Venise ayant perdu l'ensemble de ses navires dans une bataille contre les Ottomans au début du siècle).
En Europe, la guerre continuait de plus belle. L'Autriche résistait alors seule contre les Franco-Espagnols, la Prusse, l'Angleterre et la Hollande éliminée de ce combat de titan après avoir été écrasés soit en Europe (dans le cas de la Hollande et de la Prusse qui perdaient de grandes parties de leur territoire) ou dans les colonies (l'Angleterre céda une grande partie de l'Amérique du Nord à la France). Les troupes autrichiennes étaient refoulées de toute part et sur son territoire même elle subissaient de cuisant échecs (notamment en Hongrie contre les révoltés qui s'emparèrent bientôt de la moitié du royaume, et de sa double capitale, Buda et Pest). L'élection impériale de mai 1705, qui porta Joseph Ier sur le trône, n'empêcha par le reflux des Habsbourgs.
Libérée d'un énorme poids, Rome pouvait maintenant prendre les devants et tester sa flotte en haute mer. Le 21 février 1707, le roi d'Espagne et Clément XI signaient un traité mutuel de collaboration, un traité d'échanges commerciaux, et d'ouverture des ports aux flottes des deux pays. Dès le retour du Pape à Rome, le duc de Pavie, commandant de la flotte papale, prit la mer en direction des Amériques, pour un voyage qui devait durer plus d'un an...
A bord de son navire amiral, le
Temibile, Pavie franchit les colonnes d'Hercule et poursuivit dans l'Atlantique sa longue route vers les territoires, encore peu connus des cartographes romains, des Caraïbes. La première partie du voyage dura près de cinq mois, et finalement, le 9 juillet 1707, Pavie faisait son entrée dans la ville de Caracas, sur la côte continentale de l'Amérique du Sud. Le vaisseau, aux couleurs papales, fut acclamé par la foule en liesse, qui n'avait pas reçu de visiteur de marque depuis plusieurs décennies. Après ques des réparations aient été effectuées sur le navire qui venait de traverser deux tempêtes dans l'Atlantique, Pavie reprit la mer en longeant la côte continentale de l'Amérique, du sud vers le nord, et permit de repérer de nombreuses zones jusqu'alors inconnues. Le 23 août, le
Temibile faisait son entrée à Veracruz, au Mexique et reprenait presqu'immédiatement son chemin vers le nord, en direction de la Floride, qui fut atteinte au mois de septembre. Après de nouvelles réparations, le navire fut chargé pour son plus long voyage, vers le sud, avec une courte escale à Caracas (qui fut ateinte le 12 novembre). La route fut longue et périlleuse, mais bientôt, le Brésil Portugais fut dépassé et Pavie rejoint les territoires de la Plata. Le 25 janvier 1708, il entrait dans le port de Buenos Aires, où il fut là aussi acclamé par les habitants. Depuis déjà plusieurs années, les Espagnols, qui utilisaient toutes leurs ressources à faire la guerre en Europe, avaient délaissé leurs colonies. Le développement des terres de la Plata avait été totalement arrêté et aujourd'hui, il ne subsistait q'une toute petite communauté, sans ressources et sans aucune possibilité de rentrer en Europe... Touché par la délicate situation de ces gens, Pavie promit de revenir à Buenos Aires afin de leur offrir tout ce dont ils avaient besoin. Mais pour le moment, il lui fallait retourner en Europe, et le chemin ne serait pas de tout repos. Il fallait traverser l'Atlantique du nord au sud, via les Canaries (atteintes en mars) pour retourner à Ancône, où finalement, le commandant posa le pied le 20 juin 1708.
Le premier voyage maritime des italiens était un succès total. De nombreux territoires avaient été découverts, qui ouvraient de nouvelles possibilités de colonisation pour Rome. Pavie, après avoir rendu son rapport au Pape Clément XI, et avoir reçu sa rémunération pour son périple, reprit immédiatement la mer en direction de Buenos Aires avec ses propres navires, chargés de tous les biens nécessaires à l'édification d'une grande ville et emportant avec lui plusieurs dizaines de colons prêts à fonder une puissante cité portuaire, dernière escale vers le Pacifique.
De leur côté, les Romains s'engageaient dans une nouvelle période de colonisation. Plusieurs territoires vierges, vides de présence européenne, avaient été choisis par les cartographes papaux afin d'accueillir de nouveaux comptoirs. Dès l'année 1707, les marchands avaient quitté le port d'Ostie pour rejoindre les Amériques, mais sans succès. Ce n'est qu'en avril 1709 que fut établit la première maison de commerce de la
Compagnie Romaine des Amériques qui recevait le monopole du commerce triangulaire, partant d'Ancône, faisant escale à Tassaret, et s'achevant dans la province de Bayou, dans la région nommée "Nouvelle-Italie". Le 2 juillet 1709, le comptoir de Tassaret s'aggrandissait, en prévoyance de l'ouverture d'un comptoir dans l'ancienne province espagnole de Matagorda, près de la région de Bayou.
En Europe, peu d'évènements notables avaient marqué la période 1707-1709, si ce n'est la restauration des palais de Rome (qui avait coûté la bagatelle de cinq cent mille livres) (
évènement contruction d'un grand palais: -500$, +1 aristo, +1 centralisation, +25VP), la signature à Londres, le 4 octobre 1707 d'un traité de non-agression et de soutien mutuel (
mariage royale) avec l'Angleterre, et la conversion du Palatinat à la religion réformée.
Les coffres totalement vides, après la fondation des comptoirs d'Amérique et d'Afrique, et la rénovation des palais romains, le Pape ne put offrir d'aide à une grande famille dans le besoin, les Altieri (de la même famille que le Pape Clément X - 1590-1676) ce qui provoqua un grand remous dans la haute société de la capitale (
évènement Une grande famille demande de l'aide: refuser => -2 stab). Comme si Dieu s'acharnait contre la Papauté, une terrible peste frappa Rome en février 1712, qui provoqua la mort de dix mille personnes, et plongea la cité dans le chaos (
évènement Peste!: 1000 morts à Rome, -1 stab).
Alors que la guerre s'achevait en Europe, avec la victoire des Bourbons, et l'éclatement de l'Autriche (indépendance de la Hongrie, sécession des terres slovaques qui rejoignent la Pologne), Joseph Ier décèda et céda sa place à Charles VI qui reçut la couronne impériale le 19 avril 1711.
Après avoir retrouvé une certaine stabilité économique et sociale, le développement colonial des Etats reprit. En 1715, de nombreux marchands mais aussi de colons prirent la route des Amériques. Un comptoir fut créé dans la province de Maroni, sur la côte nord de l'Amérique du Sud, un ensemble d'établissement commerciaux fut ouvert dans les îles Bahamas, abandonnées par les Anglais quelques années auparavant. Le 7 novembre 1715 était inaugurée la première ville romaine outre-Atlantique, la Nouvelle-Rome, qui serait le premier établissement colonial italien, et qui serait suiviquelques mois plus tard, en mai 1716, par la création de la ville des Clés-de-l'Ouest, en rapport aux armes pontificales. Le 25 mai de la même année, la Nouvelle-Rome doublait sa superficie et sa population.
L'échéance de l'alliance pontificale tomba en 1717. Le même année fut conclue une nouvelle alliance, le 2 août 1717 exactement, incorporant de nouveaux pays, et faisant du bloc, nommé en Europe "Front Italien", l'une des plus puissante formation du continent. Faisaient alors partie de l'alliance les Etats du Pape et son vassal Modène, la Toscane, toujours fidèle serviteur, et deux nouveaux Etats, le Duché de Savoie et la République de Venise. Mais Venise était un lourd fardeau pour l'alliance papale. En effet, depuis près de cinq ans, la Sérénissime était en guerre contre l'Empire Ottoman qui remportait la victoire en de nombreux endroits, repoussant irrémédiablement les Vénitiens.
En 1718, un débarquement turc réussit à Chioggia dans la province de Mantoue, et manaça directement les Etats du Pape. Venise était totalement écrasée sous le poids de la puissance turque. Clément ordonna la levée de huit mille fantassins qui iraient rejoindre les treize mille cinq cents autres partant défendre la province de Romagne d'une possible attaque turque. Pour subvenir aux besoins de la République alliée, près de trois cent mille livres furent envoyée à Venise (
don à Venise d'à peu près 300$), alors que quelques semaines plus tard un impôt exceptionnel était levé sur tout le territoire et remplissait ainsi les caisses de l'Etat de quelques quatre cent mille livres (
évènement Don à l'Etat: 400$), et dont soixante quinze mille furent immédiatement déboursées pour lancer la construction d'un magnifique trois mâts de guerre qui irait bientôt patrouiller en Adriatique pour prévenir toute attaque ennemie.
Alors que les deux blocs continuaient à se faire face au nord, dans la plaine du Pô, à Rome, le Pape qui avait tant oeuvré pour la réussite des Etats Pontificaux et pour le Salut des Chrétiens, expirait une dernière fois et quittait le monde des Hommes, en ce triste jour du 21 mars 1721...