EPISODE 4-2 : OPERATION GU
Autour de Guam
8 janvier 1942, 8h42 à 14h20
CL-PH
Kashima, 350 mn à l'est de Saipan, 8h42.
Le contact avec l'un des 8 hydravions du croiseur léger vient d'être perdu, ce dernier étant normalement en vol à une cinquantaines de miles marins à l'est. N'ayant reçu aucun message avant la perte du contact, le croiseur envoi un second hydravion sur zone à haute altitude afin de voir si il y a une quelconque trace. Il est 10h02 quand l'hydravion envoi un message crypté au croiseur.
« Importante flotte. 50 navires environ. 2 à 3 porte-avions. Direction ouest – sud-ouest. »
Dès lors c'est l'alerte générale, dans la foulée 4 des 6 hydravions en vol sont rappelés, le
Kashima, afin d'éviter d'être repéré passe à sa vitesse maximale de 40 nœuds en direction du nord-ouest, les 2 derniers hydravions doivent effectuer un ou plusieurs vols de confirmation d'une flotte ennemie adverse. Avant 11h00, la présence d'une importante flotte ennemie est confirmée. Ils resteront à bonne distance de la flotte américaine pendant une grande partie de la journée, confirmant sa position. Le message suivant est dès lors transmis à tous les éléments du Pacifique centre, maritimes ou aériens :
« Flotte américaine en direction de Guam. 2 porte-avions, 8 cuirassés, 2 navires lourds, 38 à 41 navires plus légers. »
2nd Kido Butai, Akihito Okida amiral de la 2e division aéronavale, CV
Shokaku, 14h20.
« Nous venons juste de quitter le port de Saïpan. Après plus de 3 mois de guerre les États-Unis viennent enfin d'envoyer une véritable force ! L'amiral Yamamoto nous a confirmé notre départ, il est à Truk avec la
1e Kido Butai, ne sachant si d'autres forces doivent arriver la flotte ne part pas. Nos avions vont déferler sur les américains et nous les vaincrons comme nous l'avons fait jusqu'à présent. »
Dans la foulée du message du
Kashima, un escadron de bombardiers G4M décolle d'Iwo Jima en début d'après-midi en direction de Saipan, l'objectif est de le rendre opérationnel pour le lendemain, Saipan disposant la aussi déjà d'un escadron de 100 bombardiers G5N. Un autre escadron de bombardiers G4M décolle aussi de Formose et doit arriver sous deux jours
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9 janvier 1942 au 13 janvier 1942, 200mn à l'est de Guam.
L'objectif de la
2nd Kido Butai est simple : atteindre et couler les 2 porte-avions américains, les cuirassés sont quand à eux nombreux surclassant largement en nombre les navires lourds de la flotte nippone, il faut donc éviter l'affrontement de canon au maximum. Cependant, il est clair que la flotte américaine file vers Guam, sans doute, peut être, au courant que l'Île va être envahie d'ici quelques jours. Les rapports d'avions patrouilleurs sont clairs : les porte-avions sont protégés, peut être trop pour qu'un raid puisse être lancé contre ces derniers et ceux malgré l'aviation prévue :
110 Mitsubishi A6M 'Zero' mais 48 doivent rester en protection de la 2e division aéronavale
98 Nakajima B5N et 12 Nakajima B6N la aussi de la 2e division aéronavale (les porte-avions)
100 B5N supplémentaire depuis Saïpan, épaulés par les 100 G4M en provenance d'Iwo Jima
Ce total de 220 avions de l'aéronavale suppléé par 200 avions basés à Saïpan devant ensuite être renforcé par les 100 avions de Formose.
Toutefois la protection accrue des 2 porte-avions américains, encore non identifié, oblige l'amirauté à considérer qu'il faille aller à la rencontre, au canon, de la flotte américaine pour déstabiliser leur couverture. Ce choix fait dans la matinée après confirmation des derniers rapports, tous les navires en sont informés et seuls 8 destroyers, 2 croiseurs légers et le cuirassé
Nagato restent aux cotés des 4 porte-avions.
Le contact (a plusieurs dizaines de kilomètres) avec les américains est effectué en fin de matinée à 12h, et les américains ont en effet divisé leur flotte : aucun porte-avions n'est signalé par les navires, 3 cuirassés et d'autres navires sont aussi absent. Les premiers échanges de tirs arrivent peu après, aucun dégât n'est à signaler de part et d'autres et ceux pendant la totalité de l'après-midi. En l'absence de porte-avions américains suffisamment proches, l'aviation japonaise ne sera pas à proximité de la flotte (car occupé avec les porte-avions adverses) ce qui mettrait les navires japonais en difficulté, inférieurs en armement face aux cuirassés américains. Il faut attendre 16h pour qu'enfin, les 2 porte-avions américains et leur escortes soient signalés tandis que les 2 flottes de combat se sont rapprochés pendant les heures précédentes.
Dès lors sur les porte-avions c'est une activité constante, les escadrilles sont lancées, rejointes dans les airs par des escadrilles de Saïpan. Il est 16h45 quand les premiers affrontements aériens ont lieu, les premiers raids commencent. Les combats navals s'engagent réellement mais restent malgré tout assez distant, aucune des deux flottes n'ose prendre de risque mais dans les airs c'est une toute autre affaire. Avant 20h00, les chasseurs japonais rapportent déjà 18 chasseurs américains abattus contre 2, la supériorité aérienne est totale, dès lors les bombardiers en piqué et torpilleurs tentent leurs premiers raids. Une cinquantaine d'aéronefs tentent d’attaquer les cuirassés japonais, mais la flotte, nombreuse, oppose une excellente défense anti-aérienne qui oblige les avions à décrocher mais un petit nombre se faufile, 3 sont abattus, membre du
Soruy la dizaine d'autres lâchent bombes et quelques torpilles sur 2 cuirassés américains :
USS West Virginia et
USS New-York, touchant au but à 1 et 2 reprises. Le dernier pilote ayant largué sa bombe fera un rapport à la radio
« 2 Cuirassés américains touchés, aucun incendie n'est à signaler, il ne faut pas les considérer comme hors de combat. »
Alors que la nuit tombe les raids aériens s'arrêtent mais les opérations navales continues. Toujours à bonne distance et les américains ne pouvant alors se diriger vers Guam, plusieurs escadrilles de destroyers, de part et d'autres partent en expédition nocturne pour
La nuit de Guam.
Entre les 2 flottes de cuirassés et autres navires lourds distant de près de 50km l'une de l'autre, et pendant toute la nuit durant, destroyers japonais et américains se livrèrent un combat acharné tentant de percer les lignes adverses et de profiter de la nuit pour atteindre la ligne de combat adverse. Situation relativement surréaliste, d'une bataille navale particulière.
À 23h32, heure locale, alors que de brefs échanges de feux, sans trop utiliser d'éclairage cela pouvant permettre aux cuirassés de faire feux, éclairent faiblement la nuit, un brasier vient briser la nuit. Le destroyer
USS Ericson, atteint par 2 obus du
Mogami, croiseur lourd ayant pu tirer notamment car le destroyer utilisait des projecteurs, le font exploser, devenant le premier navire à couler de la bataille. Suivi quelques minutes plus tard par le
Shinani, touché par un obus puis torpillé par les américains. Avant le lever du soleil et le repli des destroyers, 5 américains et 2 japonais sont envoyés par le fond, sans qu'aucune percée ou autre ne fut effectué dans une bataille de plus en plus confuse, et incertaine.
(IRL :
USS Quincy sous les projecteurs japonais en train de couler près de l'île de Savo)
Dès la matinée du 10, l'aéronavale nippone effectue son premier raid aérien sur les porte-avions, raid plutôt léger ne comportant que 30 bombardiers et une escorte légère, il ne fut ni un échec ni une réussite, seul 1 bombardier est perdu, mais la bonne manœuvrabilité des porte-avions, désormais identifié :
USS Wasp et
USS Saratoga, leur permet de ne recevoir qu'une seule bombe, sur le
Wasp ne causant aucun dommage réel. Dans le même temps ces derniers effectuèrent aussi un raid aérien, mais de trop faible envergure, il n'atteint nullement son but.
Conscient de leur faiblesse, dès le début d'après-midi les navires japonais entament une manœuvre de repli vers l'île de Guam que les japonais tentent de stopper, en vain, malgré les véritables engagements au canon dans l'après-midi. Initialement dominés par la supériorité de feu américaine, entraînant notamment, à 15h43, une salve de 4 obus, suivi d'une bombe aérienne chanceuse (l'un des seuls coup au but américains de la bataille, les attaques sur les porte-avions échouant toutes), sur le cuirassé
Ise. Les 2 tourelles doubles avant de 356mm sont mises hors services, une explosion se fait ressentir dans le navire et l'on craint sa perte. Mais rapidement éloigné de la ligne, il est mis hors de danger. Cet impact fait rapidement réagir le commandement, surtout que dans la foulé c'est le croiseur lourd
Kako qui est lui aussi atteint gravement tandis que du côté américain, le combat au canon ne permit que d'endommager gravement le croiseur de bataille
USS San Francisco, mais l'avantage va pour la bannière étoilée.
(IRL :
Hiryu évitant des bombes de B-17 lors de la bataille de Midway)
La retraite des navires de combat est ainsi ordonnée, couverte par les destroyers, la place est donnée à l'aviation.
Malgré le repli américain la aussi entamé, plusieurs coups au but sont effectués, le ciel étant devenu japonais dans l'après midi du fait de la domination sans demi mesure des
Zero, les cuirassés
USS California, West Virginia et
New Mexico sont atteint à 3 et 4 reprises par des bombes, les endommagement gravement au point que pendant un temps, la fin du
California fut annoncée avant d'être démentie par le raid suivant. 3 autres cuirassés sont aussi touchés, l'aviation règne, mais ne coule pas et, lorsque la soirée tombe, doublé à la fatigue des équipages, les assauts s'arrêtent.
La bataille est à proprement parler finie mais le lendemain, des sous-marins étant repérés, plusieurs patrouilles s'engagent permettant de repérer 3 destroyers américains gravement endommagé, que les japonais torpilleront, l'équipage ayant été évacué sans doute dans la nuit. Les opérations durant toute la journée, le 13 au matin, la confirmation de navires américains entrant dans Guam marque définitivement la fin de l'opération pour la
2e Kido Butai, et le bilan, positif, reste toutefois mitigé.
Dès le lendemain, c'est la 1e
Kido Butai qui appareille et se ''rapproche'' de Guam, elle devait arrivée le 15 en début d'après-midi tandis que dans la matinée, un escadron de G4M décollait de Saipan direction la petite île.
15 janvier 1942, 7h52, Guam
Le Soleil venait à peine de se lever sur le petit port de l'île qui comprenait un nombre important de navires endommagés, du petit destroyer au grand cuirassé endommagé. Des croix par dizaines jonchaient les approches de la base, des croix de leur camarades enterrés. Les marins étaient fatigués, épuisés, apeurés. Une flotte importante de l'US Navy venait d'être stoppée, et était désormais bloqué sur une île, en pleine mer japonaise bien qu'elle restait une menace évidente. Mais le calme, marqué par les enterrements fut rapidement rompus, les alarment sonnèrent de toute part et quelques minutes après les premières silhouettes apparurent. Ayant décollé peu de temps avant, l'aviation de Saipan arrivait et allait, en l'espace de 9 minutes seulement, renouveler l'enfer de la veille pour les marins.
Sur les 100 appareils du raid, 97 devaient revenir à la base. Pendant 9 minutes, un appareil passait sur la flotte toutes les 5 ou 6 secondes pour y lâcher sa bombe. Rapidement plusieurs navires furent toucher, légèrement certes, puis à 7h55, l'enfer redoubla.
L'
USS Colorado, vieux cuirassé américain endommagé auparavant fut touché par une escadrille alors qu'il tentait, vainement, de démarrer. 5 bombes passèrent le pont pour exploser au sein du navire, le faisant devenir un four en l'espace de quelques secondes, et une épave en quelques minutes, emportant la quasi intégralité de son équipage. L'
USS West Virginia, gravement touché lors de la bataille navale, et, par miracle sans doute, avec peu de membres d'équipages à son bord, connu le même sort. En 9 minutes, près de 1857 marins américains étaient morts, l'enfer ne faisait réellement que de commencer.
USS Colorado
(IRL :
USS Nevada après l'attaque de Pearl Harbor)
À la suite du raid, et pour forcer la flotte à sortir, les divisions de Saipan reçurent l'ordre de partir pour Guam dans la nuit, sans doute repérée par un avion américain mais sans capacité de stopper cela sans mettre en danger la flotte, les navires américains mais aussi l'ensemble du personnel de la base embarqua le 16, les porte-avions renforçant leur aviation par ceux de Guam n'ayant pu stopper le raid, modifier vaguement pour être embarquée.
16 janvier 1942, 13h34, est de Guam.
Hiro Yamagachi, amiral de la
1st division aéronavale de la Kido Butai, porte-avions
Akagi
« Messieurs, aujourd'hui nous détruisons la marine américaine ! Les américains ont été affaiblis et défait par notre seconde flotte il y a quelques jours, aujourd'hui, nous finissons ce qu'ils ont commencés et nous coulerons tous leur navires ! Nous ne pouvons et ne devons pas échouer, une telle chance ne nous seras pas redonnée, et l'Empereur ne saurait le tolérer. Nous nous battons et nous vaincrons pour lui. Tora ! Tora ! Tora ! »
Porte-avions japonais en mer.
La bataille, fut une véritable débâcle, endommagés pour la plupart, l'équipage fatigué et manquant de munitions, la marine américaine faisait pâle figure face à la
2e Kido Butai qui s'approcha petit à petit de l'objectif final, les 2 porte-avions américains que les autres tentèrent par tous les moyens de protéger, sans grand succès. L'après-midi fut, selon les dires des marins mais aussi des pilotes de l'aéronavale, un véritable tir au pigeon dans les airs, et une démonstration en règle sur mer.
USS San Francisco, USS New York, USS New Mexico, 3 grands cuirassés américains envoyés par le fond en moins de 3 heures aux cotés de la majorité des autres navires de la flotte. Les japonais n'avaient a déplorer que la seule perte du destroyer
Tsuga, torpillé par un destroyer américain qui, de manière valeureuse et suicidaire, impressionnant fortement les marins japonais, avait fait demi-tour pour effectuer le plus de dommages possibles, endommageant aussi un croiseur léger.
Il fallut attendre le 17 janvier, en début de matinée, pour que la réussite finale eu lieu.
Hwang Ui-Jo, pilote sur l'
Akagi.
« Ce matin, j'ai coulé un porte-avions américain. Nous étions plusieurs escadrilles à sa poursuite, presque sans escorte tant nous en avions coulés la veille. Il était encore quasiment intact, mais c'est ma torpille qui toucha et porta le coup fatal. Une immense explosion et un panache de fumée s'échappa aussi haut que mon avion ne pouvait aller au dessus. Je suis resté plusieurs minutes à l'observer couler, lentement mais surement. »
Pilotes de l'aéronavale posant pour une photo.
(IRL : pilotes du
Kaga, avant l'attaquer de Pearl harbor)
Il était 18 heures, et en l'espace d'une semaine l'USN venait de subir sa plus grande défaite de son histoire. Et en un mois le bilan était catastrophique :
22 sous-marins, 30 destroyers, 9 croiseurs légers, 8 cuirassés, 2 porte-avions, seuls 4 destroyers et 1 croiseur légers, s'étant séparé des autres navires, avaient pu fuir Guam. Au Japon, après un jour de deuil aux morts, ce fut presque la fête partout sur l'archipel tandis qu'à Guam, le soleil se levait pour une nouvelle journée, sous pavillon japonais.
USS Wasp, après s'être fait torpillé.