Parenthèse : La prise du château fort du duc de Sjaelland en Piémont
Depuis 10 jours le château fort résistait aux assauts des troupes qui l'assiégeaient; environ 7 000 hommes sous les ordres du prince Abdul-Salaam d'Aquitaine qu'avaient rejoints 5 à 6 000 Milanais et Génois. Perché sur un promontoire calcaire, il demeurait inaccessible aux mangonneaux et les assiégés risquaient assez peu d'être atteints par les flèches des archers situés en contrebas et éloignés par ailleurs au-delà du large fossé et de la rivière qui l'enserraient. Plusieurs tentatives pour atteindre le sommet des murailles à l'aide d'échelles avaient également échoué, celles ayant réussies la traversée étant immanquablement mis à bas par les défenseurs.
Le jeune écuyer rejoignit Pierre de Bazas qui contemplait le château depuis une colline avoisinante. Visiblement, il avait couru.
"Ah, te voila, toi !
- Pensavi pas que seriai tardièr, s'excusa penaud le jeune.
- Deuriatz pas èsser tardièr. Par ailleurs, Miquel de Grignols, vous devriez parler en castillan, à moins de vouloir être bien compris de vos hommes. Vous êtes à mon service et à celui d'Abdul-Salaam par la volonté de votre oncle et je doute qu'il apprécie que vous continuiez à parler comme un paysan quand vous rentrerez le voir, le corrigea Pierre.
- Bien, votre seigneurie. Si un jour je deviens comte, je suis bien conscient que…"
Pierre le coupa.
"Je sers la maison d'Aquitaine depuis plus de vingt ans. 22 propriétés m'ont été offertes et ont accru mon domaine. Mais, je n'attends pas de titre de comte. Près de 900 nobles chevaliers servent dans l'armée d'Abdul-Salaam et l'ensemble des possessions d'Aragon ne suffirait pas à satisfaire de telles espérances. Soit plus modeste. Quand je suis venu te chercher chez toi, j'ai bien vu l'état de votre pont sur le Barthos. Tu peux toujours faire mander 100 paysans, 200 bras ne peuvent le réparer. Il te faudra des pierres, des tailleurs pour celles-ci, des maçons,… et, même s'il s'en trouve à Bordeaux, ils ne viendront que contre de l'or. Abdul-Salaam ne t'en donnera jamais directement mais il peut te donner des terres et des rentes. Penses-y et soit plus attentif. Et j'aimerais pouvoir revoir en toi un peu plus souvent l'image de ton père que j'avais côtoyé en Espagne lors de la révolte du duc de Catalogne. Mon fils aîné se destine aux ordres : je compte sur toi."
L'adolescent, soudain plus sérieux, hocha la tête pour acquiescer.
"Que regardez-vous ?, votre seigneurie.
- Quand j'étais jeune écuyer comme toi et que Garcia était roi, j'ai participé à la guerre contre le duc de Toulouse. Ceci m'a conduit en Périgord dont il détenait le comté. J'ai vu bien des châteaux sur de tel type de roches… D'après toi, comment font-ils pour boire ?
- Ils doivent puiser de l'eau dans un puit, c'est logique ?
- Oui, et je me demande…
- Quoi, votre seigneurie ?"
Pierre était plongé en pleine réflexion.
"Allons voir cette rivière de plus près !", dit-il.
Pierre rejoignit le bord de la rivière et, restant soigneusement à l'abri des arbres, commença à observer plus précisément la berge opposée. Quand tout à coup…
"Tiens, tiens…
- Vous avez vu quelque chose, glissa Miquel.
- Je ne sais pas. Va quérir sieur Godefroy de la garde personnelle d'Abdul-Salaam, vite !"
Celui-ci arriva un quart d'heure après.
"Qu'y a-t-il, Pierre ?
- Vous avez pris position il y a trois jours en ce point au pied de la falaise avant de faire retraite.
- Oui, sale journée. 26 hommes tués en pure perte, grommela Godefroy.
- Et les Génois sont allés là de l'autre côté de ces roseaux alors qu'ils devaient débarquer avec vous.
- Exact, mais ces roseaux masquent un endroit qui n'est pas sur sol sec et ils ont dû aller plus à gauche.
- Je ne sais pas encore si ça en vaut la peine mais, cette nuit, j'irai inspecter ces roseaux."
A la nuit tombée, Pierre et deux de ses hommes se glissèrent jusqu'au bord de la rivière avec un rondin. Le château était calme et le ciel recouvert de nuages. Entrant silencieusement dans l'eau, ils utilisèrent le rondin pour flotter, les compagnons de Pierre ne sachant pas nager, et se dirigèrent vers l'autre rive.
Après avoir accosté, ils s'enfoncèrent au plus près de la falaise. Derrière, il n'y avait plus de roseaux mais des ronces et de l'herbe drue, un mince filet d'eau coulait sur un minuscule ruisseau. Ecartant tant bien que mal les ronces, Pierre atteint l'endroit d'où venait l'eau : une galerie ! Fermée par une grille… Pierre fit signe à ses deux compagnons et ils rebroussèrent chemin.
Plus tard, Pierre fit son rapport à Godefroy qui réveilla Abdul-Salaam.
"Vous pensez qu'il s'agit d'une entrée pour le château, demanda le prince.
- Je ne peux le certifier, votre altesse. Le château est vieux et le chemin a peut-être été comblé mais j'aimerais bien en être sûr. Cette roche est de plus propice à ce genre de galeries et ils ont peut-être tout simplement installée la grille sans savoir exactement tous les endroits auxquelles celle-ci pouvait mener.
- Nous ne pouvons lancé une attaque d'envergure à cet endroit, précisa Godefroy. On a déjà essayé et échoué. De plus, s'ils connaissent l'existence de ce passage, ils le combleront s'ils ne l'ont pas fait avant.
- J'ai plus de 200 archers qui n'ont que peu d'occupations actuellement. Laissez-moi prendre une trentaine de mes hommes pour explorer cette voie.
- Faîtes donc. D'autres mangonneaux devraient arriver d'ici dix jours mais rien ne garantit qu'ils seront suffisants pour créer une brèche dans ces murs. De plus, on m'annonce l'arrivée d'une armée de secours constituée par les vassaux du duc et le temps nous est sans doute compté."
La nuit suivante…
Les hommes rampèrent jusqu'à l'eau et y rentrèrent. Comme la nuit précédente, Pierre s'aidait d'un rondin sur lequel il avait déposé son épée et son poignard enroulés dans son haubert lui-même entouré par une cape afin que les rayons de la lune à travers les nuages ne s'y reflètent pas. Ceci devait éviter de prévenir les gardes postés au sommet des murailles. La traversée du groupe, s'effectuait par groupe de quatre en même temps dans l'eau afin de réduire les bruits. Elle prit environ une demi-heure; demi-heure mise à profit par les premiers arrivés pour commencer d'ôter la grille de l'entrée de la galerie.
Celle-ci céda enfin et le groupe put pénétrer à l'intérieur. Quatre torches avaient été prises et seules deux furent allumées. Une corde également avait été emmenée qui fut attachée autour de la taille de l'homme de tête. Les hommes marchaient en colonne doucement et le plus silencieusement possible. Ceux à l'arrière, progressant dans le noir, agrippaient la corde pour ne pas se perdre, se prévenant les uns les autres le plus faiblement possible des contrariétés du parcours.
Pierre avait craint un labyrinthe mais ce n'en était pas un et un seul chemin était possible. Ils marchèrent ainsi durant plus d'un quart d'heure quand des bruits sourds leur parvinrent de dessus leur tête. "Eloignez les torches", ordonna doucement Pierre.
S'habituant peu à peu à l'obscurité, ses yeux finirent par deviner un mince filet de lumière blafarde : la lune! Il y avait une ouverture là-haut à environ 8 pas!
"Il me faut quelqu'un pour grimper là-haut. Miquel ?
- Votre seigneurie.
- Tu es le plus petit et le plus léger, tu vas m'escalader cette paroi. Attachez-lui la corde autour de la taille.
- Quand je suis là-haut, je fais quoi?
- Tu regardes bien où tu es et tu cherches un endroit pour attacher la corde. Quand ce sera fait tire-là brusquement deux fois. Pas une fois, deux ! Et coup sur coup. Si tu entends le moindre bruit proche, tu attends qu'il s'éloigne. S'il s'arrête net ou s'il ne s'éloigne pas, tu ne bouges pas."
Le jeune Miquel commença son ascension tandis que ses compagnons retenaient leurs respirations. Les torches avaient été éteintes et, plongés dans le noir, ils leur semblaient que celles-ci allaient réveiller toute la garnison du château. Finalement, le signal fut fait par Miquel. Cinq hommes à la suite de Pierre commencèrent à le rejoindre.
Le trou était un puit, visiblement peu usité en cette période de l'année (nous sommes en juillet). Pierre en sortit et vient se caler contre Miquel. Il vit qu'ils étaient sur le plateau près des murailles sud.
A 150 pas au nord-ouest, c'était ce qui servait vraisemblablement de donjon même si l'ouvrage n'avait été que peu renforcé et devait principalement servir de demeure seigneurial : le premier rideau de murailles du château, les falaises, la rivière et le fossé semblaient une protection suffisante pour ses occupants. La porte du château et le pont-levis étaient à 120 pas à l'est : le plateau s'étendant sur 400 à 500 pas, ils avaient de la chance. Enfin, s'ils restaient en vie…
Juste à 30 pas de lui en direction du nord, les tentes des hommes d'armes commençaient mais la majorité des 1 200 hommes présents sur le plateau devait vraisemblablement dormir à cette heure (bien que ce ne soit sûrement que d'un œil). Au-delà des tentes, il y avait des baraquements duquel sortaient des cris d'hommes avinés et des rires gras : le moral semblait bon par ici… A 25 pas, le chemin de ronde étaient parcouru par des sentinelles distantes l'unes de l'autre d'une vingtaine de pas et Pierre stoppa instinctivement l'ascension de l'homme derrière lui. Miquel lui tapota alors l'épaule et lui montra des stères à une quinzaine de pas de là sur sa droite (vers l'est). Pierre comprit et commença à ramper vers le bois entassé après avoir fait signe au suivant qu'il pouvait sortir et lui avoir montrer le chemin.
Les hommes sortirent un à un et le signal fut donné à ceux restés en bas. De longues minutes furent nécessaires pour que la trentaine d'hommes soit rassemblé aux abords des stères. Pierre en profita pour regarder Miquel : le garçu semblait calme. Près de trois heures pourtant qu'ils avaient quitté les tentes pour partir pour cette aventure. Décidément, bon sang ne saurait mentir ! La porte était là-bas, à un peu plus de 100 pas. Rien ne s'opposait à ce qu'on y aille directement mais ils devaient être nombreux dans la tour du pont-levis et les bâtiments situés entre ici et la porte devaient être ceux où dormaient les archers et arbalétriers, mercenaires italiens pour la plupart, chargés de repousser les attaques sur ce point principal du système de défense.
Deux gardes étaient à l'extérieur de la tour. Pierre indiqua à ses hommes de commencer à ramper en direction de la tour et glissa à deux d'entre eux de venir se positionner près d'eux en longeant les bâtiments.
"Ca va prendre du temps et ils vont nous voir, murmura l'un des deux.
- Je m'en chargerai. Allez-y sans crainte, répondit Pierre."
La majorité des hommes rampaient maintenant en direction de la porte et deux se glissaient le long des murs par bonds successifs. Pierre partit au milieu des tentes en rampant. Arrivé au milieu de celles-ci, il se releva. Otant sa cape, il mit son épée sur son dos au-dessus de son haubert puis remit sa cape par-dessus. Il mit ensuite son poignard dans ses chausses. L'ensemble ne le satisfaisait pas trop mais il n'avait guère le choix !
Il sortit alors de la forêt de tentes en direction des deux gardes; apercevant à cette occasion les ombres de certains de ses hommes sur sa droite et se félicitant par là même que personne du château ne fasse le même chemin que lui à ce moment-là. Un des deux hommes l'interpella. Il reconnut ces paroles "Et toi! Qui va là ?". Mais si leur langue était proche de la sienne, il savait que répondre serait immanquablement se trahir. Il fit donc un geste agacé comme si cette question l'importunait. L'homme insista et Pierre fit alors semblant de trébucher puis de tituber comme s'il était ivre et montra d'un geste vague les baraquements où apparemment le vin coulait à flot. Le second garde émit un ricanement et sembla vouloir reprendre le fil de la conversation avec son compère mais Pierre sentait bien que le premier continuait à le surveiller. Par ailleurs, d'autres ombres qui se déplaçaient lui signifiaient clairement que ses deux compagnons n'étaient pas encore en place. Il se dirigea donc directement vers les deux gardes, s'arrêtant à un peu plus d'une vingtaine de pas d'eux pour contempler la lune, abaissa ses mains et, regardant le ciel en sifflotant (tout en veillant à ce que le son soit aussi horrible que possible), se mit à… uriner au milieu du chemin. Le second garde explosa de rire tandis que le premier, sûrement plus âgé et responsable quelque part de la bonne tenue de leur mission à eux d'eux, commença à l'insulter et s'avança vers lui. L'autre chercha à le retenir tout en plaisantant mais ils finirent par avoir parcouru près de 10 pas depuis le mur où ils étaient appuyés. Les deux Gascons qui se faufilaient dans la nuit n'en demandaient pas temps ! Arrivant par derrière les deux gardes qui ne les entendirent pas du fait de leurs discussions au sujet de Pierre, ils les saisirent par la bouche de la main gauche tandis que leur poignard tranchait leur gorge.
Les autres membres du groupe comprirent qu'il était temps de passer à la vitesse supérieure. La trentaine d'hommes se trouvaient désormais aux portes de LA porte. Désormais, il faudrait faire vite ! Regardant le gars en face de lui et après lui avoir lui montré le chiffre trois avec ses doigts, Pierre sortit son épée et commença à décompter : un, deux, trois… Un grand coup de pied dans la porte de droite l'ouvrit et il s'élança à l'intérieur. Sautant au travers d'une demi-douzaine d'hommes en armes, Pierre traversa la pièce se retourna et planta son épée dans le premier à proximité de lui qu'il envoya valser sur un autre. Ses hommes rentraient un à un dans la pièce. La plupart des défenseurs avaient instinctivement tourné la tête vers Pierre et furent tués par les nouveaux entrants, les autres tombèrent presque dans la foulée mais déjà Pierre, quatre hommes sur ses pas, filait aux étages… où d'autres hommes les attendaient moins décidés à mourir rapidement. Néanmoins, le second groupe avait également connu une bonne fortune et ils progressaient par les deux escaliers. Les Piémontais, au demeurant moins nombreux que prévu, furent partout pris en tenaille et défaits.
Le bruit avait cependant alerté les troupes en dehors. Croisant Miquel, Pierre lui cria :
"Abaisse le pont-levis et met le feu au mécanisme". Et il redescendit.
En bas, une dizaine de Gascons tenait déjà tête à des archers accourus en nombre. Mais ces derniers n'avaient que leurs poignards alors que les habituels archers avaient obtenus des épées pour cette mission et ramassés les lances des gardiens. Pierre cria de nouveau : "Ouvrez la seconde porte !" Ce que commença à faire une poignée d'hommes alors que les autres ressortaient de la tour et fonçaient dans la mêlée.
Le bruit sourd du choc du pont-levis se fit entendre ce qui redonna un coup de sang à Pierre qui se rua en hurlant sur les hommes qui venaient reprendre la porte. Durant un laps de temps qui lui parut interminable (mais n'avait sûrement pas duré plus de deux minutes), il s'agita au devant des assaillants pour les repousser, principalement en embrochant l'un d'entre eux avant de s'en servir comme bouclier pour charger les autres et permettre à ses compagnons d'en abattre d'autres. Une lance manqua néanmoins de transpercer son bras gauche mais lui fit une entaille profonde. Incapable de soutenir à présent le poids d'un mort, il se mit en retrait de ses hommes.
Des cris se firent alors entendre derrière la seconde porte et les Gascons achevèrent d'enlever la traverse qui la maintenait fermée. En s'ouvrant celle-ci laissa apparaître des hommes aux armoiries du duc de Milan : ceux chargés de surveiller cet accès pour le compte des assaillants en contrebas! La cinquantaine de piquiers, voyant le pont-levis abaissé, avait accouru. Les Gascons s'écrièrent "Aragona ! Aragona !" pour s'identifier et les Italiens vinrent se mettre en position de défense comme une sorte de hérisson. La poussée des défenseurs était cependant forte et les Italiens (qui se passaient les lances de l'arrière vers l'avant au fur et à mesure qu'elles cédaient) ne tiendraient pas longtemps…
La chance sourit à nouveau…
Un grondement sourd signifia l'arrivée de cavaliers sur le pont-levis. "MILANO ! MILANO !" Arrivant lancés dans cet espace réduit, les chevaliers du duc de Milan bousculèrent les troupes du duc de Sjaelland. S'étant collé contre le mur, Pierre vit distinctement le bouclier du duc Antonio. Celui-ci n'avait visiblement pas pris le temps de revêtir un haubert et combattait en chemise de nuit. Il repoussait les Piémontais bien plus grâce aux sabots de son cheval qu'avec son épée qu'il agitait en direction du ciel tout en tirant sur les rênes pour cabrer son cheval.
Des Italiens à pied accouraient maintenant en nombre. Leur cantonnement était situé à un peu plus de 300 pas du pont-levis. L'alerte avait été bien donnée! De nouveaux cris se firent entendre. On demandait de loin en loin de faire place : c'était le signal de l'arrivée des chevaliers d'Abdul-Salaam. "ARAGONA ! AQUITANIA !" Ceux-ci, prêts au combat bien plus que les Milanais, fondirent sur les défenseurs et transpercèrent cette masse, les embrochant de leur lance. La plupart les traversèrent ainsi avant de retourner les charger mais certains cavaliers filaient déjà vers le donjon, renversant les tentes du campement sur le plateau et frappant de l'épée tout ce qui trouvait sur leur passage.
Le flot incessant des troupes fidèles à l'Aragon eut finalement raison des hommes de Sjaelland. Mais la curée dura jusqu'au petit matin, moment auquel Pierre, que Miquel avait rejoint, se retrouva face à Godefroy.
"Belle nuit, sieur de Bazas.
- J'en ai connu de plus douce, grimaça Pierre qui serrait le bandage de fortune qu'il avait mis sur sa blessure.
- Voici son altesse qui arrive. Elle est fort contente de vous."
Abdul-Salaam semblait effectivement ravi.
"Nous attendions. Nous espérions, à vrai dire, après vous et vous ne m'avez pas déçu ! Quand j'ai vu nos armoiries flottées sur la tour de la porte, je savais que la victoire était notre et qu'il fallait allé chercher ce que vous nous aurait laissé de gloire à glaner.
- Quelles armoiries ?, fit Pierre interloqué.
- Euh… Votre seigneurie, si je peux me permettre, intervint Miquel. Après avoir mis le feu au mécanisme du pont-levis comme demandé, je suis monté au sommet de la tour et j'ai abaissé le fanion du Sjaelland. J'ai ensuite enlevé ma chasuble que je portais sous mon haubert et l'ai attaché à la corde que j'ai re-hissé.
- Magnifique!, s'écria Abdul-Salaam. Eclairée par les flammes, nous l'avons vu de loin et cette action nous a fait accourir deux fois plus vite. On se battait pour l'Aragon là-bas ! Qui est ce jeune homme, Pierre ?
- Miquel de Grignols, votre altesse, mon écuyer et, nous l'espérons tous, le futur capitaine de votre compagnie en Bazadais.
- L'Aragon peut être satisfaite. Votre relève est assuré, Pierre de Bazas."
Fin de la parenthèse.