Tiens voilà la suite non mais!
8ème chapitre.
Déchirement et apaisement.
7 septembre 37, Moscou.
Alexei regardait Moscou du haut de son balcon, la ville avait l'air si calme. Les russes sont un peuple si obéissant, si respectueux de la hiérarchie, et tellement confiant dans l'avenir, l'idéal communiste et la discipline de fer du Partis avait trouvé le terreau parfait pour croître. Le Partis,
non Staline pensa Alexei, ordonne le calme alors le calme règne, ou du moins l'apparence du calme car on sent nettement quelque chose de pesant dans l'atmosphère. Car les purges continuent et même si Alexei veillent les prisonniers se comptent par millier, tout cela à fait prendre conscience à Alexei qu'il agissait comme un Dieu, décidant qui doit vivre ou mourir et cela le mettait très mal à l'aise.
A ce moment les rayons du soleil couchant firent rougeoyer les coupoles du Kremlin ce qui attira immédiatement l'oeil d'Alexei.
Le Kremlin... siège de Staline, seul maître après Dieu... non! Seul maître tout court.
Alexei se rendit alors compte qu'il faisait la même chose que Staline, lui aussi faisait des purges.
Non ce n'est pas pareil, je ne suis pas guidé par la haine moi! Et alors une idée, horrible, vint à l'esprit d'Alexei, et si inconsciemment il avait choisit non pas juste en regardant les qualités mais aussi parce qu'il détestait ou aimait tel ou tel homme. Cette idée lui était intolérable,, il comprit alors à quel point le pouvoir était nuisible et corruptible, lui qui avait en tant que secrétaire du Partis Ukrainien toujours dit que le pouvoir n'avait aucune prise sur lui. Fou qu’il était ! Il n’avait jamais eu de pouvoir en tant que secrétaire, et désormais il se rendait compte qu’il était tout aussi sujet à la corruption du pouvoir. Il avait eu beau jeu de critiquer Staline, mais dans son cœur il savait désormais qu’il pouvait lui aussi devenir un Staline.
Il fut tiré de ses noirs pensées par quelqu’un qui frappa à la porte.
Cela doit être Maria. Rien que la fait de pensée à elle fit partir les ombres de son cœur, et par un heureux hasard au même moment un brillant rayon de soleil éclaira le visage d’Alexei.
Tout n’est pas encore noir et je ne suis pas Staline.
C’était la première fois que Alexei revoyait Maria depuis qu’il l’avait vu à Sebastopol. Il n’avait pas eu beaucoup de mal à la retrouver, elle travaillait dans les usines de Moscou, elle construisait les camions des divisions motorisées dont Alexei avait ordonné la production. Alexei alla ouvrir, c’était bien elle, elle était habillé de l’uniforme de l’ouvrier mais même là-dedans elle était radieuse, Alexei la regarda un moment sans rien dire et Maria lui rendait son regard, elle avait l’air très impressionné.
Finalement ce fut elle qui rompit le silence en premier.
M : Je peux rentrer ?
A : Bien sur pardon. Installe toi je vais me préparer.
M : Tu n’es pas encore prêt ?
A : J’avais la tête ailleurs.
M : C’est vrai, j’avais oublié que tu étais quelqu’un d’important. J’ai été très heu... surprise que tu m’invites.
A : Nous n’avions pas eu le temps de bien faire connaissance au port. Et comme tu étais ici cela aurait été dommage de ne pas faire plus ample connaissance.
M : Où allons-nous ?
A : Dans un restaurant pour les membres important du Partis.
M : N’est-ce pas un privilège ?
A, mal à l’aise : Et bien je ne sais pas, c’est plus un endroit où nous pouvons nous reposer, et puis la nourriture n’est pas meilleur que dans les autres restaurants, il n’y a rien de mieux à part le décors et le service. Bon, je suis prêt, nous pouvons y aller.
Le serveur n’avait pas l’air surpris en voyant un membre du Partis avec une ouvrière, il devait sans doutes être habitué aux caprices des hauts dignitaires. Pendant les quelques heures qu’ils passèrent ensemble ils parlèrent de tout et de rien. Alexei entendit l’histoire de Maria.
Elle était née à Madrid, ses parents étaient tout les deux des communistes et elle avait grandis en étant bercé d’idéal communiste et de rêve de monde où tout le monde serait égaux. Puis la guerre civile est arrivée et son père s’est engagé dans l’armée républicaine, puis un jour il est arrivé tout essoufflé et leur a dit de partir tout de suite car les nationalistes arrivaient, ce fut la dernière fois qu’elle vit son père et elle ne sait toujours pas ce qu’il est devenu. Mais le destin s’acharna sur Maria, la colonne de réfugiée où elle était fut attaqué par des avions et dans la panique Maria perdit sa mère, et là aussi elle ne l’a jamais revu, une fois arrivé au port elle décida de s’occuper de ceux qui comme elle avaient tout perdu. Alexei parla un peu de sa jeunesse mais il n’aimait guère parlé de cette période de sa vie surtout lors de la guerre.
M : Bon, et que se passe-t-il dans le monde ?
A : Tu ne lis pas le journal ?
M : Au début si, mais à force de lire que l’industrie soviétique battait tout les records ça m’a fatigué.
A, souriant : Tu ne devrais pas dire ça aussi fort.
M : Pourquoi ? Les murs ont des oreilles en URSS ?
A : En URSS on ne peut jurer de rien. Sinon les principales nouvelles sont qu’à l’Ouest l’Allemagne avance encore contre la France, et qu’à l’est le Japon a déclaré la guerre aux différentes Chines, qui se sont alliés ensemble pour lutter contre le Japon. Et nous avons décidé de soutenir les Chinois. Voilà en gros ce qui se passe, la guerre s’étend tout autour de nous, ce n’est plus qu’une question de temps avant qu’elle nous frappe à notre tour.
M, sombre : Encore la guerre...
A : Encore, mais nous ne nous laisserons pas faire. L’heure venue nous serons prêts.
Le silence s’installa, puis ils décidèrent qu’il était temps de partir. Et Alexei raccompagna Maria jusqu'à son appartement. Pendant qu’Alexei rentrait chez lui il pensa à toute cette soirée et à Maria, grâce à tout cela il avait échappé à ses responsabilités et à ses doutes, mais demain le cours des choses reprendra et il redeviendrait le Haut Commissaire au Peuple avec toutes les charges qui accompagnent ce titre. Il leva la tête et il vit alors la Lune et les étoiles briller de milles feux, et cette lumière lui redonna courage.
Mais ce soir, je suis redevenu un homme grâce à elle.