Années 1570, Saxe
Lors du précédent épisode, la Belette géante subit la terrible attaque combinée des puissances du Mal : l'Autriche des Habsbourg (mais ça c'est pas grave), le Prince des Ténèbres, le Hérisson-Garou et François Feldman. Seule l'intervention miraculeuse de deux voyageurs temporels et de leur métallique véhicule de transport put éviter au Belettisime un destin tragique. Pour les récompenser, il leur permit de mener des expériences scientifiques dans la clairière. Ils firent rapidement tant de bruit que la belette préféra les expulser vers un coin plus lointain, où ils n'empêcherait pas l'animalissime de dormir. Le problème, c'est que les bouseux du coin commençaient à râler contre les étranges bruits nocturnes. Je les entend discuter de leur belle langue cultivée, si douce à l'oreille, rejoignons-les discrètement...
Bienvenue au Zinc!
"J'vous avions bien dit qu'cte maudit animal nous f'rait qu'du mal. Dès qu'y est arrivé, j'avions dit : ça va encor' nous causer des ennuis, comme quand y avait la sorcière et ses salop'ries de pommes pourrrries! s'enflammait Eugen, le vieux du village
-
Faut faire avec 'eul belet' comme avec eul' vieil' peau! La sorcière, on l'aviont brûlassée avec du kerosen quand elle s'était attaquée à la pauv' 'tite Javotte, qu'était la fille du prince des Nains et qu'même qu'on s'étiont toujours d'mandé si le vieux nain à bésicl' avait point tronchotté la vioque avant de tripotailler la 'tite Javotte! ça seriont une explicationnante plausib' au fait que la vioq' ait r'fourgué tout un cageot d'pom' pourrassies à la gamine! Et qu'la gamine en est pas mort' mais ç'étions tout com'! enchérit Robert, le vidangeur du village
-
Mais vous r'contassiez n'import'quoué! affirma le tavernier Jean-Steevy (oui sa mère était fan de la Star'Ac...). Si l'vieille chicassièr' s't attaquée à 'eul Javotte, c'étiont parce que la Javotte avait le diab' aux fess' et qu'elle couchait avec tout' eul mine naine! Ces feignassons de nabots en foutassiaient plus une rame! C'qui fait qu'la vieille avions plus de tungstène pour se faire un stérilet! Et qu'elle a voulu s'déb'rasser d'eul p'tiote catin!
-
C'qui n'empêch' que l'aut' trukissime de mes deuyes, l'est en train de faire comme 'eul vioque! On pouviont point laisser ctes chos'-là arrivailler! L'amène des bêtes pas normal'! Qu'j'avions entendu qu'eul malheureux Peter...
-çui qui s'est fait pendouiller comme un sauciflard à l'entré d'eul bled?
-çui-là mêm'! Eul Peter, l'avions vu des zoziaux en armur' et des sales bêt' bondissantes qu'elles ressembl' à deud' rats géants! J'y voyons qu'eul trace d'une sorcellerie démoniaque!"
La vieille sorcière qu'on avions brûlassée!
Bref, les esprits s'échauffaient contre la belette géante. Les expériences de Doc et Marty, qui écrasèrent quelques poules du vieil Eugen en traversant par erreur le village à une vitesse folle d'au moins 12 miles à l'heure, terrorisèrent la population. Doc arrêta d'ailleurs d'essayer d'atteindre les 88 miles à l'heure avec de la fiente de beletissime utilisé comme combustible nucléaire. Apparemment, les déjections d'une belette géante n'ont rien de bien différent de celles d'une belette normale! (moralité: faut pas croire que les grands et les puissants sont différents des pauvres paysans... un étronissime reste un étron quand même). Le petit peuple s'échauffait dans les villages autour de la Clairière de la Belette. On remarquera d'ailleurs la modestie toute nouvelle du Beletissime qui n'avait pas renommé celle-ci Belettopolis ou une autre ânerie de ce genre. En tout cas,
à Klümpfenstruckvonmüttzburg, à Bütterschweinkopfschleipfelnutzstadt, à Merteszchachtönglödberbachsuch, ou encore à Mfglzvtsksch (vous voyez, des fois, c'est plus court, mais c'est quand même plus dur à prononcer
), dans tous ces jolis petits villages typiques de cette époque crasseuse et pourrave, le petit peuple râlait dans les tavernes.
Comme ça Babass pourra pas dire que je mets pas de cartes
Mais ce fut quand la Belette, consternée par les chiffres sur l'alcoolisme dans son pays, décida de changer la religion que les esprits s'echauffèrent réellement. Avant, en Saxonie, la religion prescrivait l'usage abusif du vin toute la journée. Et même que le cureton, c'était le premier à donner l'exemple en sortant complètement rond de la messe où il avait encore descendu toute la bouteille de sang du Christ ("tiens, c't année, y sent la framboise, le sang du messie, l'an dernier ça sentait la banane..."). Bref, c'était un joli pays dans lequel les parvis des églises étaient couvertes de vomi ("l'avait un goût de fiente de macareux moine cette année le Beaujolpif!") chaque jour. Ou tous se pintaient la tronche allègrement. Ou les enfants de six ans étaient récompensés par le passage d'une mystérieuse petite souris quand ils prenaient leur première cuite. Ou rien ne semblait grave ou important, puisqu'on était ivre mort en permanence. Mais la belette, elle aimait pas ça. D'ailleurs elle l'a très bien expliqué dans son discours à la nation saxonne de Quinze Cents et quelques (oui, dans cet AAR, on est fâché avec les dates! et avec les screens aussi!):
"Bande d'ivrognes! Vous vous rendez même pas compte que le Clown à Mitre du Vatican vous embobine comme des pelotes de laine avec son histoire de sang du christ! L'Eglise vous ment! L'Eglise vous spolie! On vous fait boire pour mieux vous dépouiller... Pendant que vous êtes victimes de vos tendances bachiques, les infâmes curetons catholiques vous vident les poches. Ils vous disent que c'est pour refaire le toit de l'église! J't'en foutrai moi des toits d'église... C'est pour entretenir leurs maîtresses et leurs enfants! J'commence à en avoir ma claque de la bande de jeanfoutres pseudo-chrétiens qui vous vendent très cher des certificats d'entrée au Paradis! Moi qui y suis déjà allé (au paradis), j'peux vous dire que vos certificats d'entrée, là vos "Indulgences", c'est du pipeau tchécoslovaque, ça a autant de valeur que des actions Eurotunnel!
Donc, nous, Belette Suprême, avons décidé de PROTESTER! Et de changer de religion!
TOUS AU CHAMPOMY!"
(A noter que certaines églises hérétiques refusent le Champomy. Ainsi l'Eglise du Vin du Septième jour pense qu'on peut boir du vin, s'il est coupé à l'eau bénite. On connaît également les Presraisinériens qui ne boivent que le vin qu'ils ont tiré ou les purivins, qui n'envisagent de boire que du vin effectivement bu par le christ, ce qui limite forcément leur consommation. On a du mal à trouver du Château-Nazareth de l'an 12 ces derniers temps)
L'interdiction du vin suscita l'enthousiasme au nord du pays. Les populations prussiennes et assimilées n'avaient de toute manière pas l'habitude de râler quand le chef disait quelque chose... Mais au sud... L'influence pernicieuse de la Racaille latine et austro-polonaise se fit durement sentir. Les populations se révoltaient contre la Belette et son changement de religion. Même une guerre vite menée, au résultat bêtement gâché face au hollandais (qui proteste, mais pas pareil, lui il est à la bière sans alcool! On appelle ça la réforme...) ne rassura pas les foules. A Klümpfenstruckvonmüttzburg, à la Taverne de l'Opossum qui Pisse pas Droit, ou à celle du Tapir Dépressif, les ivrognes se rebellaient. Bientôt tous les villages prêt de la clairière de la belette, se révoltèrent. Les ploucs s'emparèrent de leurs fourches, de leurs pelles, de leurs rouleaux à tarte et se précipitèrent au chant de:
"Ah! ça ira, ça ira, ça ira
Le beletissime à la lanterne
Ah! ça ira, ça ira, ça ira
Le beletissime on le pendra"
de
"Dansons la carmagnole
Vive le son vive le son!
Dansons la carmagnole
Vive le son du canon!"
de
'Elle court, elle court, la belette
La belette nous court le haricot
Elle court, elle court, la belette
Elle aime pas les picolo!
Elle est passée par ici,
Et c'est là qu'on l'abattra."
Le Beletissime fut fort surpris de voir devant lui une masse de paysan(ne)s complètement ivres qui tendaient leurs fourches vers lui de manière menaçante. Il eut ces mots historiques:
"Vous connaissez la blague des deux mecs sur un bateau?
Y en a un devant, un derrière.
Celui de devant a les cheveux longs, celui de derrière ça le dérange pas"
(Ceci est une lamentable private joke destinée à une personne qui se reconnaîtra pour m'avoir littéralement pourri l'année à me la répéter en permanence. Butterfly fever, si tu me lis, rien de personnel, hein...
)
Désolé...o
Un long silence gêné suivit la chute de cette blague délirante... Puis la vile populace reprit ses éructations. Apparemment, ils n'ont pas compris la vanne - pourtant si drôôôle!
Sentant sa dernière heure approcher, la belette décida de chanter. On dit que la musique adoucit les moeurs... Et on est dans une Comédie Musicale, que diable!
"J'ai du succés dans toutes mes guerres
J'ai du succés dans mes batailles
Je chasse toute la racaille
J'ai mon palais dans une clairière
D'où le jour je vois la lumière
D'où je contrôle mon univers
J'passe la moitié d'ma vie en guerre
Entre Leipzig et Ibapolis
Je massacre sous toutes les bannières
J'ai ma résidence secondaire
Dans tous les QG de la Terre
J'suis qu'un pauvre condotiere
{Chœurs:}
Au moins es tu heureux?
{Chant:}
J'suis pas heureux mais j'en ai l'air
J'ai perdu le sens de l'humour
Depuis qu'j'ai le sens du cim'tière.
J'ai réussi et j'en suis fier
Au fond je n'ai qu'un seul regret
J'fais pas c'que j'aurais voulu faire.
{Chœurs:}
Qu'est ce que tu veux mon vieux!
Dans la vie on fait ce qu'on peut
Pas ce qu'on veut.
{Chant:}
J'aurais voulu être anarchiste
Pour pouvoir faire mon déglingo
Faire sauter l'avion sur la piste
A Rotterdam ou à Rio
J'aurais voulu être un casseur
Pour pouvoir piller du bourgeois
J'aurais voulu être un voleur
Pour pouvoir être un homme libre
Pour pouvoir être un homme libre
J'aurais voulu être un anar
Pour tous les jours faire c'que je veux
Et pour maintenant être heureux
Loin de vous, bande de bouseux
Loin de vous, bande de bouseux
J'aurais voulu être anarchiste
Pour avoir le monde à refaire
Pour pouvoir tuer des communistes
Et vivre comme un vrai corsaire
Et vivre comme un vrai corsaire
J'aurais voulu être anarchiste....
Pour pouvoir dire "j'suis un SUDiste""
Cela ne calma pas la foule. Cela la fit fuir, absolument horrifiée... Faut dire qu'une belette qui couine - faux - une chanson de Michel Berger, à part se mettre du Lara Fabian en boucle pendant 5 ou 6 minutes je connais rien de pire
.
Comme le dirait le vieux Eugen plus tard:
"J'avions bien dit qu'fallait point s'attaquer à not'bon chef! Sil'est là, c'est qu'c'étions l'meillor qu'on pouvions trouver!"
(oui, on l'appelle veste retournée, le vieux, comme disait Edgar Faure : "le vent tourne").
L'alerte avait été chaude pour la belette géante! Les révoltes, la protestation protestante, la guerre mal faite face à la hollande... et Marty et Doc qui n'arrivaient toujours pas à redémarrer.
"Doc, Jennifer sera morte de vieillesse quand on arrivera!
-Marty, après le chiffre trois, il y a quoi?
-Pardon?
-Marty, écoute moi bien! Tu es concentré ça y est? Alors après trois?
-Euh... quatre, doc!
-Quatre... oui...quatre... et tu n'es toujours pas capable de penser en QUATRE dimensions! Nous arriverons à la seconde après notre départ! Puisque nous choisissons le moment de notre retour!
-C'est vous le doc, doc!
(aparté de doc)
-Qu'il est bête ce garçon... parfois je me demande si je n'aurais pas du prendre Biff Tannen comme assistant..."
A suivre